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CENDRES ET DIAMANT

1945, jour de l’Armistice dans une petite ville polonaise, au cœur des combats entre communistes et nationalistes. Un de ces derniers, Maciek, jeune mais aguerri par la lutte armée, reçoit l’ordre de tuer le nouveau secrétaire général du Parti. Mais un mauvais renseignement lui fait assassiner des innocents… Il attend un nouvel ordre lui permettant d’achever sa mission et au gré de ses déambulations dans cette petite ville, il rencontre une serveuse de bar avec qui il va vivre une liaison fulgurante…

Critique du film

Dernier volet de sa trilogie consacrée à la seconde guerre mondiale, après Génération et Kanal, Cendres et diamant est adapté d’un roman de Jerzy Andrzejewski, écrivain très célèbre en Pologne, et que ce dernier écrivit en 1948. Wajda proposa à l’auteur une adaptation comportant quelques changements notables que l’écrivain accepta, les trouvant pertinents. Ces modifications concernaient pour certaines le personnage de Maciek, joué par Zbigniew Cybulski qui livrait avec ce film (son troisième) une interprétation restée mythique. Interprétation qu’on considère comme aussi novatrice pour l’époque que celle de James Dean, auquel on compara souvent Cybulski..  

Comme dans Kanal, les personnages de Cendres et diamant savent qu’ils sont condamnés. Contrairement au film précédent, les protagonistes ne se battent plus contre un ennemi étranger mais sont pris dans la lutte fratricide qui déchira la Pologne à l’issue de la seconde guerre mondiale et qui opposa les nationalistes et les communistes. De ce combat douloureux et de cette certitude d’un destin fatal sourd une atmosphère vénéneuse et entêtante comme celle d’un film noir, renforcée par une narration condensée en vingt -quatre heures et dans un lieu unique pendant une grande partie du film. 

Il est d’ailleurs fait allusion à Kanal, lorsque le personnage de Maciek dit qu’il est resté trop longtemps dans les égouts. Et comme dans le précédent film de Wajda, l’amour occupe une place importante. Pour se sauver de sa chute ou pour oublier qu’on est condamné ? Le personnage joué par Zbigniew Cybulski semble reprendre goût à la vie après avoir fait la connaissance de Krystyna et sa nonchalance et son apparent cynisme volent en éclats lors d’une scène où il avoue à son camarade Andrzej sa lassitude de devoir tuer et se cacher.

Car le personnage de Maciek comporte également sa part d’ombre. Il est finalement aussi un exécuteur, un tueur. D’où à nouveau chez Wajda un refus de tout manichéisme. L’homme que doit tuer Maciek, le secrétaire du parti, a fait la guerre d’Espagne, a une histoire familiale douloureuse en la personne de son fils et nous apparaît par certains côtés sympathique. Cette complexité des personnages se fait par petites touches, sans démonstrations ostentatoires.

Le titre est une allusion à un poème de Cyprian Kamil Norwid, poète polonais du XIXème siècle. Allusion à l’amour et à la guerre. De la poésie, il y en a dans ce film de Wajda, avec des scènes et des évocations très belles, comme cette image resté célèbre du Christ renversé dans la chapelle, celle des verres enflammés et cette étreinte entre un tueur et sa victime illuminée par un feu d’artifice inattendu.

La liberté que Wajda offrit à Zbigniew Cybulski pour qu’il interprète le personnage de Maciek comme il l’entendait éclate à chaque instant dans ce film rapidement devenu culte pour beaucoup et que citent souvent des metteurs-en-scène comme Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese. Le film remporta le Prix de la Critique au Festival de Venise en 1958. Il est ressorti en vidéo le 4 décembre, édité par Malavida dans une version restaurée et enrichie de suppléments passionnants sur la genèse du film. 



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