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BLACK PANTHER : WAKANDA FOREVER

La Reine Ramonda, Shuri, M’Baku, Okoye et les Dora Milaje luttent pour protéger leur nation des ingérences d’autres puissances mondiales après la mort du roi T’Challa. Alors que le peuple s’efforce d’aller de l’avant, nos héros vont devoir s’unir et compter sur l’aide de la mercenaire Nakia et d’Everett Ross pour faire entrer le royaume du Wakanda dans une nouvelle ère. Mais une terrible menace surgit d’un royaume caché au plus profond des océans : Talokan.

Critique du film

Créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1966, le personnage de la Panthère noire (Black Panther) est une réponse de Marvel au mouvement des droits civiques, contemporain de cette période qui voit la fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis d’Amérique. Son arrivée dans l’univers cinématographique de la firme propriété de Disney a eu un retentissement équivalent à celle qu’il avait pu connaître dans la bande-dessinée un demi-siècle auparavant. Chadwick Boseman était devenu l’incarnation du super-héros noir, roi d’une nation africaine souveraine et hautement évoluée, loin des clichés entourant des populations représentées uniquement sous le prisme de la pauvreté sur grand écran dans ces univers bigarrés. Le bouleversement occasionné par le décès prématuré de l’acteur titre est paradoxalement devenu une « opportunité » pour raconter un autre type d’histoire, assis sur les mêmes bases, mais avec de nouvelles ambitions.

La mort de T’Challa intervient dès les premiers instants du film, introduction rapide qui chamboule les repères du spectateur qui doit se passer du personnage éponyme, laissant le Wakanda orphelin de son monarque. Si le film est long, plus de 2h40, il prend le temps durant toute sa première partie de se passer du Black Panther. Le masque ne fait son retour qu’une fois un nouveau statu-quo installé, à l’instigation de tous les personnages féminins de cet univers. Si le premier film était un rappel des racines africaines du Wakanda et un effort notable de représentation à l’écran d’une nation de ce continent, Wakanda Forever remet les femmes au centre de son attention. Tous les protagonistes majeurs sont en effet Shuri, sœur du héros défunt, Ramonda, la reine jouée par Angela Bassett, et Nakia, veuve de T’Challa exilée en Haïti. Comment, dès lors, organiser son récit sans Black Panther, et pour quels enjeux dramatiques ?

Black Panther : Wakanda Forever
La menace est également une surprise, venue du fond des océans par l’entremise de Namor, vieux personnage complètement dépoussiéré pour l’occasion. Prince des océans, il est également l’un des plus vieux héros de l’univers Marvel, créé par Jack Kirby dès les années 1940 quand la firme s’appelait encore Timely comics et voyait ses héros affronter le Troisième Reich sur les lignes avancées du front en Europe. L’Atlantide devient Talokan, un empire sous-marin d’inspiration méso-américaine, avec une mythologie très différente qui fait de Namor un dieu presque immortel, vénéré par une population qui ne peut respirer à la surface. Cet affrontement un peu factice a pour fondement le contrôle du vibranium, le métal précieux qui donne sa force au Wakanda et que possède également Talokan.

Cela permet à Ryan Coogler, qui réalise son deuxième Black Panther pour l’occasion, d’instiller quelques éléments politiques dans son histoire, avec un soufflet adressé à ces nations hypocrites qui feraient tout pour posséder le vibranium, quitte à bafouer les règles internationales. L’analyse est assez sommaire, tout comme l’opposition avec Talokan qui repose avant tout sur l’orgueil de Namor, qui préfère agir que réfléchir, envahissant le Wakanda dans un déluge de combats et d’effets spéciaux. L’intérêt est ailleurs, loin de cette mécanique propre aux comics de super-héros, où les rencontres entre inconnus se terminent inlassablement par des rixes servant de bases aux récits futurs, ainsi qu’aux amitiés naissantes. C’est bien l’affirmation d’un pouvoir politique, tant symbolique (le Black Panther) que dans l’organisation de l’Etat wakandais, que se trouve l’intérêt du film. Le Wakanda devient un royaume où l’autorité est détenue par des femmes, que ce soit l’exécutif avec Shuri, mais aussi du point de vue militaire avec Okoye ou même dans le renseignement avec Nakia. Ryan Coogler fait la démonstration que ces femmes peuvent reconstruire et bâtir leur monde sans la tutelle masculine.

Si le film contient toujours les mêmes limites, un humour potache qu’on retrouve notamment dans le personnage de Riri Williams et une incapacité à s’extraire du premier degré, il faut saluer ce projet ambitieux de faire passer un cap dans les représentations du film, ce qui était déjà une réussite du premier volet. S’il est bien difficile de prendre au sérieux Talokan, malgré un louable effort dans la direction artistique qui crée un nouvel élément narratif, le film brille par ces personnages de femmes fortes qui ne rompent jamais devant les défis proposés.

Bande-annonce

9 novembre 2022 – De Ryan Coogler, avec Letitia Wright, Lupita Nyong’o et Angela Bassett.




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