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AMANTS

Lisa et Simon s’aiment passionnément depuis leur adolescence et mènent la vie urbaine et nocturne des gens de leur âge. A la suite d’une soirée qui tourne mal et dont l’issue n’est autre que la prison pour Simon, il décide de fuir. Lisa attend alors des nouvelles de Simon qui ne viendront jamais. Trois ans plus tard, dans l’Océan Indien, elle est mariée à Léo quand leurs destins se croisent à nouveau… 

Critique du film

Voilà plus de 30 ans que Nicole Garcia est passée derrière la caméra tout en continuant sa grande carrière de comédienne. Elle livre avec Amants, son neuvième long-métrage et autant de collaborations avec le scénariste Jacques Fieschi. Une exceptionnelle fidélité qui compose un filmographie cohérente marquée par le goût du romanesque, de beaux rôles incarnés par le gotha du cinéma français et une élégance à scruter les tourments amoureux et familiaux. Une filmographie sans fausse note mais dont on peine, pour être honnête, à distinguer des points culminants, des bonheurs de spectateur notables. Amants ne bouleversera pas ces rendez-vous avec un cinéma de bonne facture, parfois brillant, mais qui peine, une fois de plus, à pleinement enthousiasmer.  

Raison ou passion

Le premier plan du film est aussi le plus beau. Un lent et magnifique zoom avant sur un lit où, leurs deux corps entremêlés, un couple sommeille. Le premier des trois segments qui composent le film est court mais dense. Il se conclut par drame où la mort par overdose d’un ami de Simon contraint ce dernier à prendre la fuite, laissant Lisa, son amoureuse, abandonnée et abasourdie. Simon vivait sur la brèche, retrouvant dans les yeux de Lisa l’adrénaline que lui procure le trafic de stupéfiant. Cette première partie sème quelques cailloux narratifs, des points d’accroche pour le récit à venir. Nicole Garcia filme déjà une maison néo bourgeoise, froide comme la mort, dans laquelle la jeune femme prend immédiatement ses aises. 

Un saut dans le temps et dans l’espace nous conduit 3 ans plus tard quelque part sur une île de l’Océan Indien. Lisa est mariée avec Léo, quelques années de plus, quelques kilos en trop et assez d’argent pour assurer au couple un train de vie plus que confortable. Hasard ou destin, c’est dans l’hôtel de luxe où ils sont descendus que Lisa retrouve Simon, employé modèle en quête d’anonymat et de rédemption. Une fois le triangle dessiné, le film emprunte une trajectoire classique : Lisa va t-elle choisir la passion ou la raison ? Et si elle ne choisissait pas ?

Amants film

Jeux de manipulation

C’est en Suisse que le dilemme se mue en thriller lors d’une dernière partie où le scénario joue au chat et à la souris avec ses personnages et le spectateur. Lisa pourrait se satisfaire d’une double vie, le mari et l’opulence d’un côté, l’amant et la jouissance de l’autre.  Nicole Garcia s’emploie avec beaucoup d’élégance à pousser lentement le curseur dramatique jusqu’au point de non retour. La maison du couple devient peu à peu le décor où se concentrent les jeux d’influences, en écho au drame qui ouvrait le film. Il y a une certaine jubilation, presque politique à voir le lieu, symbole de luxe, calme et volupté, se remplir d’une vacuité inacceptable. Le couple pense à adopter. « Ta vie sera moins vide » argumente Léo, cynique et sincère. Qui manipule qui ?

Stacy Martin incarne cette irrésolution savamment entretenue avec une part de mystère qui donne de l’épaisseur à son personnage. Benoît Magimel en mari puissant mais beaucoup plus fragile qu’il n’y paraît, tire son épingle du jeu en dépit d’une élocution qui commence à devenir de plus en plus problématique. Pierre Niney est Simon, l’amant à la fois impétueux et ingénu. Pour dire les choses sans hostilité, l’acteur nous a semblé complètement perdu dans ce rôle qui requiert ambiguïté et charisme. 

Amants est l’archétype du film gorgé de qualités qui n’éclatent pas vraiment à l’écran. Il manque au film malice et noirceur, de l’habileté dans la gestion des ellipses et un trio d’acteurs au diapason. Reste un honnête thriller qui sait tirer avantage de ses décors chics, filmés comme des eaux dormantes où se cachent turpitudes et mensonges.

Bande-annonce

17 novembre 2021De Nicole Garcia, avec Pierre NineyStacy MartinBenoît Magimel




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