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BILAN | Nos coups de coeur du mois de mars 2022

Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film préféré lors du bilan du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de mars 2022.

Le choix de Thomas Périllon

PETITE NATURE de Samuel Theïs

Samuel Theis se lance dans sa première réalisation en solo avec Petite nature et revisite son enfance en Moselle, signant un film sur les éveils à la vie, qu’ils soient d’ordre affectif, intellectuel, et même sexuel, toujours à hauteur d’enfant. On découvre le regard de ce jeune garçon sur le monde, immergé dans sa découverte de la sensualité, dans son trouble, son tâtonnement. La grande intelligence de Theis réside dans sa capacité à capter ce trouble et son sujet tabou (le désir d’un pré-adolescent pour un adulte), à le matérialiser sans jamais verser dans le malsain, bien conscient de sa responsabilité à représenter justement ce désir à l’écran. Quand Johnny, qui met sur un piédestal son professeur, se retrouve en pleine confusion des sentiments, le film reste dans la pudeur, ne verse pas dans le sordide et réussit remarquablement à replacer les restrictions sans complaisance.

Le choix de Florent Boutet

Soy libre

SOY LIBRE de Laure Portier

Laure Portier filme son frère Arnaud qui devient petit à petit presque un objet de fiction tellement le matériel filmique étonne, crée la surprise avec cette juxtaposition de petits bouts de vidéo aux formats divers et variés. L’émotion est dans chaque plan, que ce soit dans le salon d’une grand-mère malade ou bien dans la forêt sud-américaine où est allé chercher sa liberté un personnage devenu nomade. Ce projet au long cours est un film qui ne ressemble à rien d’autre, unique dans sa volonté de raconter un jeune homme décidant de prendre la fuite d’un milieu familial détruit où il n’a jamais eu de place. Fort et inoubliable.

Le choix d’Antoine Rousseau

Petite nature

PETITE NATURE de Samuel Theïs

Avec Petite NatureSamuel Theiss s’inspire de sa propre enfance pour dresser le portrait sensible d’un jeune garçon de 10 ans, cherchant à trouver sa place dans un environnement social difficile et au sein d’une cellule familiale abusive. Sa rencontre avec un professeur va l’initier progressivement à la culture mais aussi l’éveiller à des sentiments de désir envers cet homme, seule figure adulte à l’encourager et le regarder avec bienveillance. Le sujet est troublant sur le papier ! Le réalisateur l’aborde pourtant avec une remarquable justesse, sans complaisance, avec un regard toujours à la bonne hauteur. Il livre ainsi un très beau récit d’apprentissage contre le déterminisme social, renforcé par l’incroyable énergie de son jeune interprète, Aliocha Reinert.

Le choix de F-X Thuaud

Le grand mouvement

LE GRAND MOUVEMENT de Kiro Russo

C’est d’Amérique du sud que nous arrive le film du mois, une « Bolivian Rhapsody » qui commence dans le chaos urbain de La Paz pour finir au coeur d’une maladie contemporaine où agonise un modèle de société qui avait fait de la satiété un horizon indépassable. Un film sensoriel et poétique, relié au coeur battant de la terre. Un cri d’alarme rempli de fulgurances audiovisuelles. A situer quelque part dans les sphères magiques, entre Pedro Costa et Apichatpong Weerasethakul.

Le choix de Fabien Genestier

Petite nature

PETITE NATURE de Samuel Theïs

Avec son deuxième long-métrage, Samuel Theis s’impose de plus en plus comme l’un des réalisateurs français avec lesquels il faudra compter dans les prochaines années. Petite Nature transcende en effet le genre du film sur l’enfance. D’abord parce que Samuel Theis est un virtuose de la direction d’acteurs et qu’il tire le meilleur de son jeune interprète (Aloicha Reinert bluffant de maturité dans son jeu), ensuite parce que sa caméra se substitue totalement au regard de l’enfant, offrant une parfaite justesse à un scénario qui dans d’autres mains aurait pu virer au malaisant. Ce touchant portrait d’un jeune garçon que la vie a fait grandir trop vite et avec de mauvais repères, rêvant de s’émanciper d’un monde dans lequel il ne se reconnaît pas, s’apparente en fait à une subtile peinture sociale sans artifice. Un coup de force autant qu’un coup de cœur.

Le choix de Jean-Christophe Manuceau

BRUNO REIDAL de Vincent Le Port

Basé sur une histoire vraie, Bruno Reidal nous invite dans un endroit très inconfortable : la tête d’un tueur. Ce premier film de Vincent Le Port, d’une maîtrise impressionnante, fait un usage judicieux de la voix off, et révèle un comédien à la présence magnétique : Dimitri Doré. Le résultat est inconfortable et fascinant, à ne pas rater en ce mois de mars.

Le choix d’Augustin Pietron

PETITE NATURE de Samuel Theïs

Qui ne rêverait pas d’avoir pour parents le couple Antoine Reinartz – Izïa Higelin ? Johnny en a pourtant, des parents. Mais moins « bien » : ils ne sont pas instituteur et médiatrice dans un musée. Moins là surtout. Voire plus du tout : la mère de Johnny quitte son père au début du film ; il en disparaît complètement. « Pas fiable » selon elle. Johnny, dix ans, pourrait lui renvoyer la même critique : elle délègue tant qu’il en devient adulte trop vite. Avec un précision aux accents autobiographiques, Samuel Theis filme le fin fond de la banlieue du fin fond de la Moselle. À une centaine de kilomètres de là, Philippe Claudel tournait Une Enfance (2015). Même région, mêmes décors et protagonistes du même âge. Un même plan, aussi : un jeune garçon – Jimmy – qui masse les jambes nues de sa mère. Comme si les deux réalisateurs accusaient la même personne. Une mère qui ne sait pas en être une. Qui ne connaît pas de limites, n’a pas de codes à fournir à son enfant quant à la sexualité. Et qui refuse qu’il s’élève car elle ne pourrait pas faire sans lui. Chez Samuel Theis, la petite nature trouve ses appuis, comprend comment se défendre. Adulte, il finit par l’être vraiment.

Le choix de Victor Van De Kadsye

RIEN À FOUTRE d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre

Un film poignant qui nous fait envoler avec turbulences vers le monde des compagnies aériennes low-cost pour atterrir en douceur un drame intime émouvant. Adèle Exarchopoulos y trouve l’un de ses plus beaux rôles, qui ramène à la portée générationnelle qu’avait son célèbre rôle dans la Palme d’or 2013, La Vie d’Adèle.

Le choix de Lena Haque

FRESH de Mimi Cave (Disney+)

Avec un humour grinçant absolument savoureux, Mimi Cave livre une fable contemporaine sur la dating culture et la consommation (quasi littérale) des corps féminins qui va avec. Dans la veine de Promising Young Woman, elle réussit brillamment à puiser dans les cauchemars de toutes les femmes pour déployer son imaginaire horrifique : pas besoin d’aller chercher très loin, ce qui reste le plus effrayant, aujourd’hui, ce sont vos dates Tinder… Porté par une esthétique feutrée aux accents psychédéliques très sixties, Fresh navigue habilement entre drame et comédie, grâce au jeu tout en finesse de ses acteurs.trices principaux (Daisy Edgard-Jones, très juste, et un Sebastian Stan terrifiant). Ode à l’amitié, aux final girls mais aussi à la gastronomie, ce premier long métrage livre finalement plus de pistes de réflexions qu’il n’y paraît et ouvre l’appétit.

Le choix de Malo Morcel

Rien à foutre

RIEN À FOUTRE d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre

Observer Cassandre, hôtesse de l’air, battre de l’aile dans sa vie et conserver un métier qu’elle ne désire pas afin de rester le plus près possible d’un proche disparu semblait être un pitch suspendu au dessus du vide. Film longtemps attendu de part le rôle intriguant porté par Adèle Exarchopoulos, le long métrage Rien à foutre réalisé par Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, nous fait cependant côtoyer le 7ème ciel durant son temps de vol soit 1h50 sans jamais réellement perdre de l’altitude. Accrochez vos ceintures et préparez-vous à prendre part à un voyage suspendu où les émotions sont pour la plupart mises en exergues.

Le choix de Samuel Regnard

THE BATMAN de Matt Reeves

Quoiqu’on en dise, le retour du chevalier noir aura, de nouveau, susciter un engouement monstre, tant par sa proposition de film noir aux tonalités dépressives et fatalistes, que par son incarnation. Car oui, Robert Pattinson joue parfaitement le jeune justicier, au point où je me suis dit qu’il était parfait pour ce rôle. Malgré quelques petits défauts de rythme et de plot, The Batman mérite ces lignes et cette attention. Il redémarre une franchise avec brio, peut-être mieux que Begins en 2005, même s’il reste beaucoup (beaucoup) à faire pour réussir à surpasser le chef d’œuvre The Dark Knight. Pour cela, l’avenir le dira…



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