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SEIZE PRINTEMPS

Suzanne a seize ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours pour aller au lycée, elle passe devant un théâtre. Elle y rencontre un homme plus vieux qu’elle qui devient son obsession. Grâce à leur différence d’âge, ils pensent ne plus s’ennuyer ensemble et tombent amoureux. Mais Suzanne sent qu’elle risque de passer à côté de sa vie, celle de ses seize ans qu’elle avait tant de mal à vivre comme les autres.

Critique du film

Une jeune fille mélancolique et gauche, vêtue « à la garçonne » façon Charlotte Gainsbourg, s’ennuie dans son quotidien parisien, ne trouvant que peu d’intérêts aux moments sociaux avec ses semblables. Ses cours, ses camarades, ses profs, tout ça l’ennuie. Celle qui préfère Boris Vian, Christophe et Maurice Pialat traîne son spleen dans les beaux quartiers de Montmartre sur une partition musicale de Vincent Delerm jusqu’à croiser un comédien qui, lui aussi, s’ennuie à force de tourner chaque jour la même pièce dans le charmant théâtre de l’Atelier. L’homme attire son attention, et elle commence à développer une obsession le concernant, allant même jusqu’à essayer de créer des « hasards » pour entrer en interaction avec ce dernier.

On sent bien que Suzanne Lindon a été biberonnée au cinéma français durant sa jeunesse. Son premier long-métrage, Seize printemps, transpire des influences qui ont du bercer son adolescence, de Diabolo Menthe à Christophe Honoré, en passant par Valérie Donzelli. L’envie de cinéma est évidente. Suzanne Lindon désire jouer la comédie. Pourtant le sait-elle ? Sa prestation poussive et maniérée manque de naturel, et son personnage irrite au lieu d’attendrir. Suzanne Lindon se jette à l’eau, écrit et réalise un premier film. Mais en avait-elle l’étoffe ? Sa mise en scène manque de relief et d’énergie, et le scénario largement rebattu de la jeune femme en fleur est résumé dans les cinq lignes du synopsis officiel validé par le distributeur.

On aimerait saluer la naissance d’une jeune comédienne et autrice, s’affranchissant du poids de ses illustres parents comédiens. On aimerait vanter les mérites d’une bluette intemporelle qui raconte l’ennui et ce trouble existentiel que l’on rencontre à l’aube de la vie d’adulte, quand on se sent inapte ou en décalage avec celles et ceux qui nous entourent. On aimerait goûter à cette volonté de retrouver un peu d’autrefois, à une époque où l’on communique trop et mal, au lieu de laisser la magie des instants opérer. Mais force est de constater que cette première incursion dans le monde cinématographique montre de tous bords ses limites et n’a malheureusement rien de frais, d’émouvant ou d’incarné à raconter en sa petite heure et treize minutes. On saluera toutefois la détermination de cette jeune femme qui a su foncer et concrétiser son envie de cinéma, quitte à emprunter des chemins de traverse pour tenter de se bâtir une légitimité dans la comédie.

Bande-annonce

16 juin 2021Avec Suzanne LindonArnaud Valois




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