LA PASSAGÈRE
Liza subit un choc, quand, lors d’une croisière, elle croit reconnaître parmi les passagers une jeune femme, Marta, ex-détenue du camp d’Auschwitz où elle était surveillante SS. Liza dont le mari ignore cette partie de sa vie, se souvient de son passé terrifiant. Ce sont d‘abord des fragments en vrac qu’elle arrange afin de construire un récit à l’intention de son mari, et dans le but de se justifier, mais peu à peu la véritable histoire se reconstitue.
Critique du film
Adapté d’un texte autobiographique de Zofia Posmysz, rescapée d’Auschwitz et de Ravensbrück, La Passagère constitue l’un des témoignages cinématographiques les plus forts sur l’enfer concentrationnaire et la banalité du mal. Andrzej Munk, qui était juif, avait réussi à échapper à la déportation en se cachant. Particulièrement intéressé par la mise en images de ce récit, il réalisa ensuite plusieurs documentaires et oeuvres de fiction, dont ce film intense et marquant.
Andrzej Munk, le réalisateur de La Passagère, décéda dans un accident de voiture alors que le tournage de ce film n’était pas terminé. Ce qui aurait pu porter un coup fatal à cette œuvre ou en amoindrir la force ou le propos. Des collaborateurs de Munk et des amis du cinéaste prirent le parti de finaliser cette histoire en ajoutant à la partie filmée par Munk des photos de la partie se passant lors de la croisière, après la guerre, quand Liza pense reconnaître Marta. Cette partie statique, accompagnée d’une voix off, donne beaucoup de force, d’intensité et de mystère à cette histoire d’une grande puissance, qui ne sombre jamais dans le manichéisme ni dans la simplification.
Liza, accompagnée de son mari lors d’une croisière, croit reconnaître une ancienne déportée, Marta. Liza a été gardienne SS à Auschwitz. Son passé remonte à la surface. Et elle se confie alors à son mari. Et nous découvrons alors des souvenirs, vrais ou factices ? Sincères et authentiques ou déformés ? Liza ressentait une forte attirance pour Marta et prétend qu’elle la protégeait et lui accordait énormément d’attention, prenant même des risques inconsidérés pour elle. Mais peu à peu, la véritable histoire refait surface.
Tourné en format large, dans un superbe noir et blanc, La Passagère tire de son esthétique une force et une intensité dénuées de toute complaisance ou voyeurisme. Plusieurs scènes glaçantes concernant les atrocités et exactions des camps traversent le film. Sans surenchère, sans recherche du spectaculaire, le long métrage met toujours en exergue cet aspect dérangeant de l’ambiguïté de l’âme humaine, toujours prompte à se justifier, à travestir les faits, pour autrui ou pour soi-même.
Ce film ressort le 25 janvier et coïncidera avec le soixante dix-huitième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. En complément de programme, Malavida, distributeur de ce film, a adjoint un documentaire sur Andrzej Munk et le tournage de La Passagère que les spectateurs pourront découvrir dans une version restaurée de toute beauté.
Bande-annonce
25 janvier 2023 (ressortie) –D’Andrzej Munk, Witold Lesiewicz
avec Anna Ciepielewska, Aleksandra Slaska, Jan Kreczmar