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REMEMBER

3
Peu mémorable

Un vieil homme, survivant de l’Holocauste, parcourt les États-Unis pour se venger d’un passé qu’il ne cesse d’oublier. 

Défaut de Mémoire.

Remember est un film conçu à l’envers. De ce fait, commençons notre critique par la fin du film. Sans rien en dévoiler, elle fait effectivement son petit effet, tout du moins si elle n’a pas été simplement voulue comme un ultime ressort de thriller (efficace, mais pas forcément bienvenu vu le sujet), mais bien comme une métaphore du devoir de mémoire face à la Shoah, de l’importance de ne jamais oublier l’horreur. Cette fin a au moins le mérite d’interpeler et de faire un peu réfléchir le spectateur, peu bousculé jusqu’alors par un film bien plat. La faute d’abord à un scénario d’une pauvreté déconcertante. Son auteur Benjamin August semble en effet penser que sa simple fin peut suffire à sous-tendre tout le film et qu’il n’y a qu’à broder un peu en amont. Ce qui aurait pu marcher avec un court-métrage, est plus compliqué avec un long.

Ainsi, le synopsis de départ semble se répéter durant une bonne heure. Un survivant de l’Holocaust part à la recherche d’hommes dont l’un d’eux pourrait être un ancien officier SS responsable du meurtre de sa famille. Les rencontres, dont on se doute dès le début que seule la dernière sera la bonne, se succèdent ainsi sans grande surprise, entrecoupées de faux suspenses, eux-mêmes assez prévisibles. Le récit prend juste un peu d’élan lorsque l’ancien déporté se retrouve dans la maison d’un nazi actuel. Mais là encore la séquence n’a pas l’intensité qu’elle aurait pu avoir, la faute à une caractéristique du personnage principal, imposée par la logique du récit, sa sénilité. Elle inhibe en effet ses réactions émotionnelles et la réactivité instinctive qui devrait aller avec. Ce qui finit même par totalement parasiter le film. D’abord parce que cela empêche toute profondeur dramatique et psychologique chez le personnage, et ce malgré la performance de Christopher Pulmmer. Ensuite parce que cela impose au film un rythme assez lent et un manque d’impulsivité, dommageables pour un thriller.

Atom Egoyan peine à dynamiser le récit par sa mise en scène assez poussive, manquant cruellement d’originalité, et dont la gestion du suspens se limite à utiliser une musique qui met un peu mal à l’aise. Lorsqu’il veut évoquer le trouble qui se crée dans la mémoire de son personnage principal, il se contente de quelques distorsions sonores, d’un plan sur un pommeau de douche (allusion un peu facile aux chambres à gaz) ou de bruits de sirènes (censées rappeler celles des camps). Certes la sobriété et le détachement de la mise en scène s’explique par la fin du film, mais Atom Egoyan semble oublier que le spectateur ne la connaît pas encore…

La fiche

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REMEMBER
Réalisé par Atom Egoyan
Avec Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz…
Etats-Unis, Canada – Drame, Thriller
Sortie : 23 Mars 2016
Durée : 95 min




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