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PORTRAIT | Jessica Chastain en quelques rôles clés

La classe américaine

À l’affiche de Miss Sloane, qu’elle porte brillamment sur ses épaules en incarnant une lobbyiste impitoyable, la comédienne Jessica Chastain s’est imposé en quelques années comme l’une des comédiennes qui comptent à Hollywood. Alternant seconds rôles dans des productions de luxe et rôles principaux emblématiques, la rousse discrète et engagée sera l’une des comédiennes phares de cette année 2017 avec trois films en plus de celui de John Madden : The Death and Life of John F. Donovan (premier film anglophone de Xavier Dolan), Molly’s Game (première réalisation d’Aaron Sorkin) et The Zookeeper’s wife (de Niki Caro). Retour sur une carrière qui a décollé tardivement mais intensément en 2011.

Le rôle de la révélation : The Tree of Life (2011)

Désormais autant considérée que ses collègues Julianne Moore, Amy Adams et Nicole Kidman, l’actrice au nom de famille à consonance française a pourtant percé tardivement. Remarquée juste après dans L’affaire Rachel Singer (de John Madden, déjà), elle est choisie par Terrence Malick pour tenir le premier rôle féminin de son Tree of life aux côtés de Brad Pitt. Elle est la douceur maternelle face à la rude autorité d’un père, la grâce évanescente face à la raideur des traits d’un époux malgré tout aimant. Sa présence magnétise la caméra aérienne de Malick et bon nombre de spectateurs tombera immédiatement sous le charme de la jeune femme à la chevelure enflammée. Dans la foulée, elle tournera chez Jeff Nichols dans Take Shelter – dont le cinéma n’est pas dénué de similitudes avec celui de Malick – puis sera nommée à l’Oscar, aux Golden Globes et aux BAFTAs pour sa prestation dans La couleur des sentiments de Tate Taylor. 

Le rôle de la confirmation : Zero Dark Thirty (2012)

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Engagée pour la défense des animaux et la cause féministe, notamment par le biais de sa société de production Freckle Films, consacrée aux questions sociales telles que l’égalité des sexes et la santé mentale, elle fut même consacrée en 2012 par le magazine Time comme l’une des personnalités les plus influentes du monde. Cette même année, c’est sous la direction d’une réalisatrice, Kathryn Bigelow, qu’elle tourne l’un des films phares de sa filmographie. Dans Zero Dark Thirty, elle incarne une agent de la CIA (qui lui vaudra le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique, ainsi qu’une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice) impliquée de façon centrale dans la traque du terroriste Ben Laden. Tandis que  Kathryn Bigelow continue de questionner en filigrane les effets secondaires de cette guerre contre la terreur, Jessica Chastain délivre une prestation magistrale jusqu’à un épilogue surpuissant. 

Le grand rôle méconnu : The Disappearance of Eleanor Rigby (2013)

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Triptyque quasiment inédit en France, présenté dans sa version synthétique (Them) au festival américain de Deauville avant que ses trois volets ne débarquent sur Netflix en novembre 2014, les films The Disappearance of Eleanor Rigby confirment définitivement toute l’estime que l’on porte à Chastain. Dans Him et surtout (et forcément) Her, concentré autour du parcours de son personnage de mère endeuillée, elle éblouit aux côtés de James McAvoy, Isabelle Huppert et Viola Davis. L’histoire de ce couple déchiré par un drame intime terrasse et l’américaine n’y est pas pour rien. Réfugiée chez ses parents pour traverser sa crise existentielle, Her raconte formidablement l’introspection d’une femme au bord de la rupture. Le jeu tout en subtilité de Chastain fait des merveilles et résonne dans le coeur de chaque spectateur. Malheureusement, le film ne trouve pas son public. 

Les seconds rôles dans des blockbusters SF : Interstellar (2014) et Seul sur Mars (2015)

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Si elle est désormais connue du grand public, c’est parce que Jessica Chastain a su s’imposer sans se mettre en avant dans des seconds rôles de grosses productions de qualité portées par de brillants cinéastes. En deux ans, elle s’engage dans les blockbusters d’auteur Interstellar (de C. Nolan) et Seul sur Mars de (R. Scott). Les deux films seront des succès commerciaux et contribueront à installer encore davantage l’actrice dans le paysage hollywoodien. 

2017, l’année de la consécration ?

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Après s’être égarée dans le sequel de Blanche Neige (l’actrice y était contrainte, liée à un contrat avec Universal), Jessica Chastain s’empare avec maestria du rôle de la lobbyiste en faveur du contrôle des armes à feu dans Miss Sloane, qui marque ses retrouvailles avec le réalisateur John Madden. Comme souvent très investie dans la préparation de son rôle, Chastain rencontre des femmes lobbiystes pour étudier leurs manières, leur diction et leur style, puis se documente par le biais de lectures telles que le roman Capitol Punishment de Jack Abramoff. Sa prestation XXL sublime ce thriller politique loquace que n’aurait pas renié Aaron Sorkin et lui offre une nouvelle nomination justifiée au Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique avant d’être complètement snobée par l’Académie comme sa compatriote rouquine Amy Adams.

Si l’année 2011 fut celle de la révélation, l’année 2017 pourrait bien être celle de la consécration. En effet, après avoir tourné pour la seconde fois avec John Madden, Jessica Chastain est entrée dans la « famille » de Xavier Dolan. Alors que le Festival de Cannes a marqué sa naissance artistique (« Je suis née au festival de Cannes. Cela fait déjà cinq ans que j’y suis venue pour The Tree of Life de Terrence Malick. Je me souviens encore de mes premiers pas sur le tapis rouge, main dans la main avec Brad Pitt et Sean Penn. J’étais pétrifiée. Depuis, la vie m’a tellement comblée que je n’ai pas vu le temps passer.»), la Croisette lui a également permis de tisser des liens privilégiés avec le jeune québécois qui l’a choisie pour incarner l’antagoniste de son premier film anglophone The Death and Life of John F. Donovan. Récemment, elle se disait d’ailleurs impatiente de tourner à nouveau avec lui. Deviendra-t-elle sa nouvelle muse ? Leur complicité régulièrement affichée sur les réseaux sociaux semble aller dans ce sens. Et l’on ne peut que s’en réjouir. 

Depuis ce tournage canadien, elle a récemment tourné Molly’s game pour Aaron Sorkin, biopic dans lequel elle tiendra le rôle principal. Alors qu’elle devrait produire prochainement une série sur les femmes dans la NASA, provisoirement intitulée Mercury 13, rien ne semble donc arrêter la tornade Chastain qui ne cache pas son amour pour l’Europe et qui rêve de travailler avec Olivier Assayas qui, on le sait, a pris pour habitude d’offrir de superbes rôles aux actrices. Ce désir se concrétisera-t-il ? 

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« Je n’ai aucune idée de la façon dont je suis perçue et j’essaie de ne pas penser à tout ce folklore hollywoodien. Je suis très cinéphile et je préfère m’effacer derrière mes films plutôt que de tirer la couverture à moi. »




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