featured_It-Follows

IT FOLLOWS

5
Alternativement angoissant

Pour Jay, âgée de 19 ans, la rentrée devait être synonyme de cours à la fac, de rencontres avec des garçons et de week-ends passés au bord du lac. Mais après un rapport sexuel d’apparence anodine, elle se retrouve hantée par d’étranges visions et par le sentiment inexorable d’être suivie par une présence. Abasourdies, Jay et ses amies doivent désormais trouver le moyen de fuir cette menace terrifiante qui semble les rattraper…

Choper la mort.

En 2010, David Robert Mitchell était en compétition au festival de Deauville avec The Myth of the American Sleepover. Cette chronique adolescente chorale avait fait forte impression. Sans doute grâce à sa mélancolie diffuse et son refus du spectaculaire (les teenagers du film trompent leur ennui dans de banales soirées pyjamas), et à sa manière de créer une bulle fragile prête à éclater. Comme s’il s’agissait d’offrir un sursis à une certaine innocence que les tourments de l’amour et de l’âge adulte étoufferont inéluctablement. Il n’empêche, bien qu’auréolé du prix du jury, ce conte de fin d’été, n’est jamais sorti en salle en France et il aura fallu attendre près de quatre ans pour le trouver en DVD dans l’hexagone (chez Metro depuis juin 2014, ndlr).

Cette année, David Robert Mitchell était de retour en compétition à Deauville avec It Follows – où il a glané le prix de la critique – qui devrait, lui, avoir l’honneur d’une distribution sur les écrans français en janvier 2015… On retrouve dans ce second film l’Amérique des suburbs où se déroulait déjà The Myth... Un théâtre périurbain anonyme, qu’une mort violente ne tarde pas à extirper de sa torpeur et à singulariser. Tout en continuant d’entretenir une atmosphère de spleen cotonneux, David Robert Mitchell se joue des codes du slasher. Pas de tueur masqué, mais un assassin insaisissable. A l’image du parchemin qui, dans Rendez-vous avec la peur de Jacques Tourneur, met en péril celui qui est en sa possession, la malédiction de It Follows se transmet… par un rapport sexuel. Pour sauver sa peau, il faut ainsi coucher avec quelqu’un d’autre en espérant ne pas avoir été rattrapé par la mort avant.  

On le sait depuis Halloween et Vendredi 13, dès qu’un personnage perd sa virginité, il ne tarde pas à le payer de sa vie. Faut-il voir dans cette partie de « chat » mortel un clin d’oeil à cet archétype thématique du cinéma d’horreur ? Ou bien y lire une métaphore du sida et autres IST ? Ou alors, y entendre des résonances puritaines ? Un peu des trois serait-on tenté de répondre. The Myth of the American Sleepover était d’une étonnante chasteté – à des années lumières des expérimentations sexuelles des teen movies ordinaires -, comme si tout désir n’était que danger. Les personnages de It Follows sont à peine plus âgés que ceux de The Myth…, pourtant, leurs angoisses existentielles semblent être d’une autre nature.

Au final, ce n’est plus les ravages de l’amour qui sont redoutés, mais la plus radicale crainte de la mort. It Follows est au fond un film d’angoisse sur la plus grande angoisse qui soit : celle de savoir que la mort sera tôt ou tard au bout du chemin et qu’entretemps il nous faut oublier que ce que nous vivons est un compte à rebours inexorable vers notre fin. 

La fiche

thb_ItFollows

IT FOLLOWS
Réalisé par David Robert Mitchell
Avec Maika Monroe, Heather Fairbanks, Keir Gilchrist
Etats-Unis – Thriller, Horreur
Sortie en salles : Janvier 2015
Durée : 94 min




0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

2 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
trackback
9 années il y a

[…] Les jurys en ont décidé autrement en récompensant notamment Whiplash* du Grand Prix et It follows du Prix de la Critique […]

Marla
9 années il y a

Des résonances puritaines ? Le film va plus loin que ça. Il prône carrément l’abstinence: http://marlasmovies.blogspot.fr/2015/02/it-follows-fais-moi-la-mort.html

2
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x
%d blogueurs aiment cette page :