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CYRIL DESPONTIN (PIFFF) | Entretien

Huit longs métrages en compétition, deux fois plus de courts métrages, quatre films cultes, une nuit japanimation, une séance jeunesse et une autre « interdite »… le tout réparti sur six jours dans un seul point de rendez-vous : le Grand Rex. La cinquième édition du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF), qui s’ouvre le mardi 17 novembre, ne peut se résumer qu’à des chiffres, mais les fans de cinéma de genre ne manqueront pas de la calculer. Depuis sa création, en 2011, l’événement à su trouver sa place dans l’agenda des cinéphiles amoureux d’épouvante, de fantastique et d’oeuvres plus ou moins gentiment déviantes, entre L’Etrange festival de septembre et celui de Gerardmer en janvier. Cyril Despontin, délégué général du PIFFF – également aux manettes d’Hallucinations collectives dans son Lyon natal -, est là depuis le début de l’aventure. Entretien.  

Pour cette 5e édition, le PIFFF déménage du Gaumont Opéra au Grand Rex. C’est une volonté de retrouver l’esprit du Festival du film fantastique du Grand Rex des années 1970 et 1980 ?  

Cyril Despontin : Oui et non, c’était surtout l’opportunité d’organiser le festival dans une des plus mythiques salles de cinéma en Europe, d’avoir l’écrin adapté à l’ascension que connaît le festival. Mais, forcément, la filiation avec le mythique festival de cinéma fantastique qui a eu lieu dans ce splendide cinéma est évidente. Mais elle n’était pas calculée par l’équipe au moment du choix du déménagement. 

Quelle est la principale difficulté à laquelle vous êtes confronté lorsque vous cherchez à établir la programmation ? 

C. D. : Obtenir les films et trouver des financements. Il est compliqué en France d’avoir des films frais car beaucoup sont achetés ou en passe de l’être et souvent cela complique les négociations avec les producteurs et les agents de vente. On passe 80% de films qui sont très frais dans le circuit des festivals et qui n’ont pas encore de distributeur en France, et parfois il est difficile d’obtenir une projection quand une tractation est en cours avec un potentiel distributeur. L’autre nerf de la guerre c’est la recherche de fonds pour financer le festival, nous ne sommes aidés par aucune institution publique (Mairie, région, CNC) et ce n’est pas faute de les approcher chaque année. Heureusement qu’il y a nos partenaires privés et les spectateurs qui permettent au festival de revenir chaque année. Mais de l’aide publique permettrait de faire beaucoup plus.

Au regard de la sélection de cette édition, y a-t-il un thème, une tonalité, un questionnement, qui domine dans les œuvres qui seront projetées ? Autrement dit, y-a-t-il un sujet commun à plusieurs des films qui seront projetés ?

C. D. : Ce qui est marrant c’est qu’on fait la recherche de films sans chercher à créer de connexion (c’est quasiment impossible avec du film « frais », avec de la rétrospective oui, mais sur des avant-premières je mets au défi n’importe quel sélectionneur de créer une thématique) et pourtant chaque année il nous arrive après coup de trouver un fil conducteur. Souvent c’est lié à l’air du temps et aux préoccupations des réalisateurs, cette année il y a un fil conducteur lié à l’enfance/adolescence avec certains films tels que Evolution, Some Kind of Hate, Der Nachtmahr, Bridgend ou Don’t Grow Up. C’est involontaire mais au final c’est assez enthousiasmant. 

Dire qu’on n’est pas fan de films horrifiques, c’est un peu se mentir à soi-même.

Depuis quelques années, beaucoup déplorent que le cinéma de genre soit dominé par le found footage, les remakes opportunistes et autres films calibrés pour un public ado jugé peu exigeant. Est-ce un constat que vous faites et déplorez ?

C. D. : Effectivement il y en a, de moins en moins, heureusement, mais on continue à les voir sur les marchés. On essaye tant qu’on peut de s’éloigner de ces productions peu intéressantes et c’est pour cela que le PIFFF ne comporte qu’une vingtaine de films chaque année. On pourrait proposer une centaine de titres comme d’autres festivals européens, mais on n’en a pas la capacité humaine – notre équipe est bénévole – et ça impliquerait de passer des films beaucoup plus moyens, voire mauvais pour remplir la grille. On est partisan du moins mais mieux.

Comment fait-on pour porter un festival dédié au cinéma de genre à une époque où celui-ci a bien du mal à trouver sa place dans les salles ?  

C. D. : Du temps, de la patience et beaucoup de temps – je l’ai déjà dit je crois. Bref, on n’est pas toujours aidés au niveau où on l’espérerait mais on doit quand même voir le côté à moitié rempli et se dire qu’on a déjà le soutien des cinémas où on officie (le Gaumont Opéra avant, le Rex maintenant) et nos partenaires privés, dont Ciné+ Frisson qui nous soutient depuis le début ou des nouveaux comme NRJ ou Canalplay. Après, vis-à-vis de sa place dans les salles, à notre niveau, on ne va pas pouvoir faire grand chose sauf permettre aux spectateurs du festival de pouvoir voir enfin certains films dans une salle de cinéma. Sauf qu’on est à Paris et que toute la France n’a pas forcément cette possibilité. Donc oui, pour les Parisiens, on est un peu salvateur, mais au niveau national déjà moins. 

Que diriez-vous à quelqu’un qui n’est pas forcément fan de films horrifiques ou fantastiques pour le convaincre de venir faire un tour au PIFFF ?

C. D. : Je lui dirais qu’en fait sans le savoir, il est déjà fan. Quand on regarde les chiffres du box-office on se rend compte que le genre fantastique est quand même celui qui domine actuellement, et depuis longtemps, les résultats annuels tous pays confondus. Donc dire qu’on n’est pas fan de films horrifiques ou fantastiques, c’est un peu se mentir à soi-même. Après, je peux comprendre que la frange la plus extrême du cinéma d’horreur (le gore ou le torture porn) peut effectivement rebuter les moins habitués, mais je trouverais ça dommage de limiter le genre à ces films les plus « jusqu’au-boutistes ». Le fantastique est partout et pour tout le monde, du merveilleux à la terreur, il y a un film fantastique pour tous, et c’est cette diversité qu’on essaye d’avoir au PIFFF.


PIFFF 2015 – Bande Annonce par pifff




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