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SAPPHIRE CRYSTAL

Trois lieux, trois temps d’une soirée avec la jeunesse dorée de Genève.

Critique du film

Trois lieux, trois temps. Premier lieu, premier temps. La boîte de nuit est le décor du début de soirée. On parle  de champagne, d’argent et de réussite sociale. C’est le moment où on fait connaissance avec les personnages, dont Anna, qui vient de Belgrade, qui est également d’un milieu très aisé mais qu’on sent très vite différente de ces jeunes genevois, qui font la fête avec ostentation, sans forcément être conscient de l’aspect déplaisant que peut avoir cette attitude. L’un des personnages pense même que leur débauche d’argent et de champagne peut donner des envies de réussite sociale, et donc de se dépasser. D’où une controverse avec une jeune femme qui juge au contraire ce type d’exhibition totalement déplacée.

Le deuxième temps, c’est celui qu’on passe dans la demeure extrêmement luxueuse de Matteo (Ou de ses parents ?). Le champagne et la cocaïne dorée ont raison des dernières inhibitions. On dévoile des secrets inavouables, un des personnages fait appel à une escort. L’espace de quelques secondes, Anna se retrouve seule face à un miroir et on sent son désarroi. Les effets secondaires du mélange champagne, absolut vodka, cocaïne ou un douloureux sursaut de lucidité face à ce vide existentiel ? Le début de cette scène se déroule sans musique, puis quand on finit par en entendre, il semble que tout le monde retourne un peu dans sa bulle (On consulte son portable, par exemple).

Valse à trois temps

Le troisième et dernier temps est une ballade de quatre des personnages qui déambulent dans une Genève nocturne, illuminée par des enseignes lumineuses de marques de luxe (Rolex, Van Cleef & Arpels). Au moment de faire une photo au pied d’une statue de Calvin, Anna est obligée de dire à ses nouveaux amis (ou nouvelles connaissances ?) de se rapprocher car ils sont éloignés les uns des autres. Ils semblent gênés. Les jeunes contemplent un gigantesque jet d’eau, aux reflets bleutés. Quand celui-ci cessera de jaillir, la déception pointe. C’est la fin de la nuit, de la fête. Un des personnages avoue d’ailleurs avoir peur de la nuit et fuir le sommeil. À nouveau, on sent un grand malaise chez Anna.

Trois temps qu’on pourrait interpréter comme : préliminaires à la fête, ivresse et gueule de bois. Ou préliminaires à l’amour, extase et dégoût de soi. 

Même si on peut être irrité par les personnages qui composent la faune de ce court-métrage, force est de constater que celui-ci comporte plus d’un atout et que son réalisateur, ne manque pas de talent. Tout d’abord, Virgil Vernier a su bien choisir ses interprètes au jeu très naturel. Ensuite, étant également chef opérateur, il a su rendre son film, tourné avec un téléphone portable, esthétique, avec des scènes peu éclairées qui semblent inciter les personnages à la confidence, ou à l’introspection, selon les moments. Et par petites touches, Virgil Vernier pose un regard non pas moralisateur, mais moraliste. Avec toute l’empathie et le respect pour ses personnages que cela implique.


15 juillet 2020 – De Virgil Vernier




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