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LA CHUTE D’UN CORPS

Marthe et son amant d’une nuit sont les témoins de la chute d’une jeune fille sur la terrasse de l’appartement où ils se rencontrent. Le mage qui occupe le logement de l’étage supérieur manipule Marthe afin d’obtenir son silence sur cet incident dont il porte la responsabilité. 

Dans le cadre des 25 ans de l’Étrange festival, 25 auteurs, réalisateurs et artistes, ont été désignés pour mettre en valeur un film. Gaspar Noé, (Irréversible, Enter the void), auteur franco-argentin, a sélectionné La chute d’un corps de Michel Polac, film qui lui ressemble à bien des aspects. Polac fut un trublion touche à tout qui marqua de son empreinte le dernier quart du XXe siècle. S’il fut plus connu comme homme de lettres et surtout comme animateur de télévision dans les années 1980, il fut également un cinéaste remarqué pour une poignée de long-métrages plus étranges et anti-conformistes les uns que les autres. À cet égard, La chute d’un corps est bien représentatif, à la fois de son auteur, mais aussi d’une période cinématographique propice à l’expérimentation.

Ce qui marque tout d’abord c’est la qualité du casting, Marthe Keller et Fernando Rey sont en effet des acteurs de premier plan, remarqués notamment chez Barbet Schroeder et Luis Bunuel. Ensuite, la thématique du film, la plongée d’une jeune femme dans une secte, tranche, notamment par son traitement. Polac ne se prend jamais vraiment au sérieux, louvoyant entre le pastiche et la critique d’une société bourgeoise qu’il décrit comme pire que l’emprise sectaire supposée aliénante. L’ennui qui caractérise le personnage de Marthe ne trouve d’autre refuge que ce groupuscule, dont la racine n’est autre que le voisin du dessus, sémillant gourou s’il en est.

Railler l’ordre moral

Si le film n’est pas le terrifiant pamphlet décrit par Gaspar Noé, il  demeure un assemblage hétéroclite qui démolit les idées reçues sur ce qu’est censé être le mal dans notre société occidentale. En bon anarchiste, Polac rejette l’idée de juger ses personnages sur des critères normatifs, il préfère se moquer de tout et de tous, déchaînant son regard sur les aspects les plus immoraux de la secte, l’embrigadement et l’exclusion, pour les détourner au profit d’une critique très acerbe de la France des années 1970. Que ce soit la scène où Marthe reçoit sa belle-mère, qui vante son fils et sa présence dans la vie de la jeune femme, ou le retour du mari qui réinvestit l’espace de ses objets extérieurs de richesse, l’ordre moral est raillé et ridiculisé par l’œil de Polac.

Au final, La chute d’un corps est plus une bizarrerie anarchiste très connotée par les aspects propres à la société française des années 1970, qu’un conte fantastique terrifiant sur le milieu des sectes. Il n’en reste pas moins une satire aux aspects burlesques et ubuesques assez plaisant.




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