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CRY MACHO

Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé. 

Critique du film

On voudrait ne pas se lasser de voir vieillir Clint Eastwood à l’écran. À 90 ans, son allure de plus en plus hiératique et sa voix fêlée ne cessent d’alimenter la légende. On espérait avec ce film, une nouvelle variation crépusculaire de l’éternel gringo, hélas, Cry Macho est une toute petite chose et une immense déception. La faute avant tout à un scénario aussi mince qu’invraisemblable, une peau de banane sur laquelle le grand Clint s’étale de tout son long.

Une vieille Chevrolet, la voix chaude d’un chanteur country (Will Bannister), la sobre élégance de la mise en scène puis la vieille carcasse du bonhomme (de plus en plus émouvante, bientôt confondue avec L’Homme qui marche d’Alberto Giacometti), tout concourt à goûter le plaisir d’être contemporain du mythe et de l’accompagner, soyons réaliste, dans une de ses dernières chevauchées. Les premiers plans regorgent de la chaleur que peut procurer un malt de 25 ans d’âge, plus rassurante que surprenante.

Mike Milo est éconduit sans ménagement du ranch où il s’occupait du dressage des chevaux. Ses vieux jours semblent promis à une quiétude teintée de solitude, parmi les fantômes de son passé. Mais une vieille dette refait surface. Une parole est une parole, le repos attendra. Voilà Mike à nouveau sur les routes, direction le Mexique d’où il doit tirer du giron de sa mère un adolescent qui manque à son père. 

Cry macho

Brindille asséchée

Sur un canevas de dernière mission (le thème musical du film de Roland Joffé est d’ailleurs repris), le film, passé la frontière, va se dissoudre dans un scénario totalement en roue libre. À cheval entre le buddy movie et la romance, le film avance au pas, enchaînant les énormités. Mike met la main sur Rafo, l’adolescent prétendument introuvable, en deux coups de cuiller à pot. Le petit sauvageon (le jeune Eduardo Minett, très mauvais) sur lequel deux émissaires se sont déjà cassés les dents, après quelques ruades de forme, se révèle plus docile qu’un agneau. Le vieux Mike, brindille asséchée, réussit à intimider les nervis au service de Leta, la plus que caricaturale mère de Rafo, maquerelle et nymphomane. Des voleurs, surgis de nulle part, dérobent la voiture des deux compères qui se retrouvent échoués dans une bourgade où durant plusieurs semaines, ni les séides mexicains, ni les policiers fédéraux, ne leur feront de l’ombre. Clou du spectacle, le coq Macho volant au secours de ses maîtres.

Cry Macho, dans son indigence, contient les traces, malheureusement bien insipides, de thèmes eastwoodiens, traités jadis avec une autre maîtrise. On songe beaucoup, avec force nostalgie, au très beau Un Monde Parfait, dont Cry Macho apparaît comme une vilaine parodie, paresseuse et sirupeuse. La romance entre Mike et Marta, belle veuve tenancière de café, se voudrait comble de délicatesse, elle donne surtout envie de revoir Sur la route de Madison dont on semble être confronté au simulacre gênant. Le vieil et l’enfant se sépareront amis pour la vie. Cette aventure fut une sacrée leçon, résumée par le vieux Mike en une réplique qui contient toute la navrante vacuité de cet opus à oublier au plus vite : 

– « C’est comme tout dans la vie, on croit tout savoir et on se rend compte qu’on ne sait rien, mais c’est trop tard »

Clint Eastwood mérite und autre partition pour tirer sa révérence. On veut croire qu’il n’est pas trop tard.

Bande-annonce

10 novembre 2021De et avec Clint Eastwood, et Dwight Yoakam




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