COLOR OUT OF SPACE | Richard Stanley adapte Lovecraft

Qui ? 

Color out of Space est un film réalisé par Richard Stanley, cinéaste sud-africain auteur (entre autres) de Hardware en 1991 (un film de science-fiction avec Iggy Pop et Lemmy Kilmister), ou bien encore du film d’horreur Le Souffle du Démon (1992). Il est également à l’origine du projet (chaotique) d’adaptation de L’île du Dr Moreau (1996), dont il fut finalement débouté, sous la pression de Marlon Brando et de Val Kilmer.

Depuis ce triste épisode, Stanley s’est investi dans divers projets (plusieurs documentaires, un site d’enquête sur la culture ésotérique de l’Europe Méridionale, un e-book, etc.), jusqu’à réaliser un segment du film d’horreur anthologique The Theatre Bizarre (2012), profondément influencé par l’oeuvre d’Howard Phillips Lovecraft. Rien de surprenant, donc, à le voir adapter l’une des nouvelles les plus marquantes de l’auteur, La couleur tombée du Ciel (Color out of Space). À ce titre, il porte les casquettes de réalisateur et de co-scénariste du film.

Pour rappel, H. P. Lovecraft (1890-1937) est l’un des plus grands auteurs d’horreur et de science-fiction de l’histoire de la littérature. Il est majoritairement connu pour ses nouvelles rattachées au mythe de Cthulhu et aux Grands Anciens, et acquit de son vivant un embryon de reconnaissance critique lorsque la revue Weird Tales fit paraître, en 1927, La couleur tombée du Ciel (achetée au prix de vingt-cinq misérables dollars).

Nicolas Cage tiendra le premier rôle, et donnera la réplique à Joely Richardson, Q’orianka Kilcher, Tommy Chong, Elliott Knight et Julian Hilliard.

Le film est produit par la société de Daniel Noah SpectreVision, qui avait déjà produit le film Mandy (2018) de Panos Cosmatos avec… Nicolas Cage.

color out of space film

Quoi ?

Dans la nouvelle de Lovecraft, un jeune architecte venant de Boston souhaite étudier un projet de réserve d’eau, censé engloutir les terres d’une petite bourgade surnommée « The Blasted Heath » (traduite en français par « La Lande Foudroyée »). Elle est située près de la ville d’Arkham, à l’ouest de Boston. Surpris par le paysage grisâtre et mortifère qui s’offre à lui, l’architecte fait la rencontre d’Ammi Pierce, le dernier habitant des lieux, qui lui raconte l’histoire de cette apparente désolation. On apprend alors que dans les années 1880, une météorite tomba dans le champ de Nahum Gardner, un paysan local, ami de Pierce. Petit à petit, sa terre et ses animaux ne furent plus que poussière grisâtre, en raison d’une étrange couleur émanant de la météorite, totalement étrangère à notre spectre visible. L’eau du puit fut également empoisonnée par la couleur, rendant ainsi la famille Gardner complètement folle, avant de périr à son tour. Accompagné de plusieurs scientifiques, Ammi Pierce décida de se rendre sur place, et vit jaillir du puit un intense faisceau lumineux, obscurcissant le ciel depuis lors, et chassant du même coups les habitants des terres.

La grande force de la nouvelle réside dans le fait qu’elle décrit l’entité extraterrestre (la « Couleur ») comme se situant au-delà de tout entendement scientifique. Nous ne savons rien d’elle, si elle présente des émotions, une morale, voire même une conscience. Lovecraft se distingue ainsi de l’anthropomorphisme quasi systématique des extraterrestres présents dans les oeuvres de science-fiction de l’époque (1927), au profit d’une altérité fondamentale.

Dans le film de Stanley, l’intrigue est transposé dans notre monde contemporain. La famille Gardner (Nicolas Cage dans le rôle de Nahum), décide de s’installer dans une petite ferme de la Nouvelle-Angleterre, afin de fuir le stress de la ville. Mais une nuit, une météorite s’écrase juste devant leur porte, libérant une entité extraterrestre, qui ne s’incarne qu’au travers de la propagation d’une étrange couleur…

Au vu du synopsis, nous pouvons donc constater que le film de Stanley se rapproche globalement de la nouvelle de Lovecraft.

Quand ?

Le film a été présenté en avant-première au festival de Toronto le 7 septembre 2019 (séance spéciale « Midnight Madness »), et sortira courant 2020 en France.

color out of space

Pourquoi ?

Adapter Lovecraft au cinéma est toujours risqué, dans la mesure où la représentation visuelle de l’indicible semble en principe contradictoire. Ainsi, comment représenter à l’écran une couleur qui n’existe pas ?

Néanmoins, au vu des premières images, nous pouvons être intrigués par le projet de Stanley, familier des expérimentations formelles (documentaires et fictionnelles), et de la culture horrifique en général. Parrainé par le producteur de Mandy (qui donnait déjà beaucoup dans la couleur !) et par le sélectionneur du festival de Toronto, Color out of Space peut créer la surprise, et pourquoi pas ressusciter la carrière d’un cinéaste trop vite relayé aux périphéries du septième art.




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