BILAN | Les meilleurs films de juillet 2025
CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE juillet 2025.
Le choix de François-Xavier

Très beau mois de juillet (La Trilogie d’Oslo, L’Aventura) d’où émerge l’inattendu (quoique Cannes était passé par là) deuxième long-métrage de Pedro Pinho, réalisateur portugais formé à l’école du documentaire. Le Rire et le couteau est une fiction dans laquelle le réel ne cesse d’affleurer. Sergio débarque en Guinée-Bissau, chargé d’établir un rapport sur les risques environnementaux d’une construction routière. L’environnement, précisément, l’ingénieur est attentif à ne pas le heurter. Cependant, sa position d’homme blanc, sachant et de passage, ne lui octroie aucune place naturelle. Le film procède par grandes séquences qui mettent en lumière le poids de l’héritage colonialiste. Les jeux de pouvoir se superposent, de l’économique au plus intime. Cette longue immersion est aussi une dérive dans laquelle s’égare le rapporteur sans boussole. Film politique, musical et sensuel illuminé par la présence dingue de la révélation Cléo Diára (Prix d’interprétation féminine – Un Certain Regard).
Le choix d’Antoine

Peu de productions françaises osent s’aventurer sur le terrain du thriller poisseux à la Se7en, sans donner l’impression de toucher le genre du bout des lèvres. Cela rend la réussite de Rapaces d’autant plus enthousiasmante. À la fois réalisateur et scénariste du projet, Peter Dourountzis ne recule ni devant la noirceur de son sujet, ni devant l’ambiguïté morale de ses « héros ». Au contraire, il prend le temps d’installer soigneusement ses enjeux et dessiner une galerie de personnages taillés au scalpel. Cela pour mieux saisir le spectateur à la gorge et l’entraîner dans une enquête anxiogène qui culmine lors d’une scène de restaurant à la tension suffocante, magistralement découpée. Le film se paie même le luxe d’introduire une forme antagoniste qui fait dialoguer le récit avec son époque de manière aussi inattendue que pertinente. Soit les meilleurs frissons que l’on puisse espérer de la part d’un polar noir à la française !
Le choix d’Emilien

Cela faisait bien longtemps que le parti-pris du film littéraire n’avait pas été aussi bien exploré. Rêves prend la forme d’une d’individualité au seuil de l’âge adulte, qui s’exprime par un long flot de paroles en voix off – prose ayant une forte valeur poétique qui se trouve être le récit consigné de Johanne, lycéenne qui tombe amoureuse de l’une de ses professeur. La mise en scène de Dag Johan Haugerud, articulée autour de ses interprètes féminins et de ce monologue écrit, tisse une ambiance cotonneuse et aérienne (celle du trouble et du fantasme dans leur forme la plus pure) tout en ayant l’honnêteté de faire le tour complet de son sujet : le rêve existe parce qu’à un moment donné on doit en sortir, et parce que plus tard on se le repasse avec un regard critique.
Le choix de Théo

Rêves, premier opus de la trilogie d’Oslo à être sorti en salle début juillet, est d’une intensité folle malgré un calme constant jeté sur les événements. L’amour y est un vague objet opaque, incapable d’avoir une forme véritable, malgré tout ce qu’on pourra en dire, tout ce qu’on pourra écrire. Le récit est presque télépathique, nous mettant aussi bien à la place du lecteur innocent que du spectateur omniscient. Véritable prouesse sentimentale, une chaleur naturelle se dégage des intérieurs confidentiels, une sorte de réconfort brute, celui qu’on ne sait trop comment accueillir après avoir vécu de jeunes déceptions.
Le choix de TP

Le choix de Tanguy

Le choix de Simon

Le Rire et Le Couteau, film fleuve présenté à Cannes cette année, compile, dans une linéarité pas toujours évidente, différents moments du parcours de Sergio en Guinée-Bissau. Les interactions de l’ingénieur portugais avec les Guinéens dévoilent consécutivement différentes cicatrices laissés par le colonialisme. Pedro Pinho ne s’efforce pas de corriger le passé ou à s’en rattacher. Il crée un univers contenant en le souvenir d’une cohabitation douloureuse entre le Nord et le Sud. Pour reprendre une idée de Deleuze, il ne s’agit pas pour le réalisateur de reconstruire une mémoire mais de servir au monde de mémoire.
Le choix de Victor

Reposant sur une écriture très littéraire, se permettant ainsi de multiples digressions, la Trilogie d’Oslo est constitue un ensemble stimulant sur les relations sentimentales. Développant aussi bien une réflexion sur la projection amoureuse que sur le fait même d’aimer quelqu’un, ce triptyque nous cueille par une galerie de personnages très touchants. Jamais figés dans leurs notes d’intentions, ces films cessent jamais de nous surprendre, notamment lorsqu’ils prennent soudainement des dimensions politiquement queers. Une balade cinématographique à Oslo parfaite pour cet été.






