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PIQUE-NIQUE À HANGING ROCK

En Australie, Hanging Rock est une montagne sacrée, autrefois lieu de culte des aborigènes. Le 14 février 1900, les élèves d’une école de jeunes filles y partent en excursion afin de pique-niquer. Une fois sur place, plusieurs d’entre elles sont comme étrangement attirées par les rochers. Trois des élèves, accompagnées d’une professeure, s’engouffrent dans les passages dessinés par les monolithes. C’est au retour à l’école que l’on se rend compte que les quatre jeunes femmes manquent à l’appel. Des battues sont organisées pour les retrouver ; la police enquête. L’une d’entre elles est bientôt retrouvée, totalement amnésique…

Critique du film 

Si l’on connaît Peter Weir pour ses succès hollywoodiens comme The Truman Show ou Le cercle des poètes disparus, c’est dans son Australie natale qu’il a réalisé l’un de ses plus beaux films : Pique-nique à Hanging Rock. Adapté du roman éponyme de Joan Lindsay, le long-métrage a suscité un véritable engouement lors de sa sortie en salle, s’imposant ainsi comme un classique du cinéma australien. Une statue représentant Miranda, l’une des héroïnes du film interprétée par Anne Lambert, a même été installée à l’entrée du centre d’accueil des visiteurs de Hanging Rock, le célèbre mont rocheux australien. 

Déjeuner sur l’herbe 

Des paysages ensoleillés, une mélodie hypnotique interprétée à la flûte de Pan, des jeunes filles qui s’éveillent : en quelques images, nous voilà plongés dans l’univers singulier de Pique-nique à Hanging Rock. Dans l’école pour jeunes filles de Mrs Appleyard, les pensionnaires, tout de blanc vêtues, apprennent le français, rêvent aux fenêtres et partagent des secrets. Nous sommes en 1900, le jour de la Saint-Valentin. Une journée particulière, puisqu’une excursion est prévue du côté de Hanging Rock, afin d’y pique-niquer. Avant de laisser partir les élèves, chaperonnées par deux professeures, la sévère Mrs Appleyard les met en garde contre les éventuels dangers qu’elles devront éviter à Hanging Rock : le relief rocailleux, les serpents et les fourmis venimeuses. Elle est bien loin de se douter que les disparitions qui vont suivre ne peuvent s’expliquer par aucun danger tangible. 

Au-delà d’un drame adolescent, Pique-nique à Hanging Rock met surtout en scène des jeunes filles enfermées, condamnées à grandir sous le poids des injonctions, des jeunes filles qui rêvent d’ailleurs. La nature tient un rôle à part entière dans ce songe : elle irradie de beauté, donnant lieu à des plans dont la composition picturale rappellent l’impressionnisme de Claude Monet. Aussi fascinante que troublante, elle semble communiquer avec les protagonistes ou du moins les appeler. Alors que leur professeure, les yeux rivés sur la montagne, leur conte ses origines, l’une des jeunes filles s’exclame, comme une évidence, que Hanging Rock a passé un million d’années à les attendre. 

pique nique à hanging rock

Un rêve dans un rêve 

Si sa beauté visuelle et son atmosphère onirique, accentuée par l’extraordinaire bande-originale de Bruce Smeaton et Gheorghe Zamfir nous séduisent dès les premières secondes, Pique-Nique à Hanging Rock nous tient en haleine sur toute sa durée et ne cesse de nous hanter après son générique de fin. Il ne s’agit pourtant pas de découvrir une quelconque explication sur la disparition soudaine des trois élèves et de leur professeure dans les rochers : comme dans le roman de Joan Lindsay, Peter Weir préfère conserver le mystère, s’amusant cependant à nous suggérer quelques pistes de réflexion. 

En effet, la tension du film ne puise pas sa source dans le caractère inexpliqué de ce phénomène, mais plutôt dans le dérèglement qu’il engendre au sein du microcosme de l’école de Mrs Appleyard. Les amitiés ambiguës, les pulsions refoulées, les liens brisés, les déséquilibres, jusqu’alors à peine visibles, qui menacent cette communauté de filles et de femmes font surface après ce jour de Saint Valentin, au pied du rocher où le temps semble s’être arrêté. 

Outre de multiples théories, dont celle d’un enlèvement extraterrestre, qui continuent de tenter d’expliquer le mystère de Hanging Rock, l’œuvre a indéniablement influencé Sofia Coppola pour Virgin Suicides. La splendeur et les secrets de Pique-nique à Hanging Rock demeurent intacts, cristallisant parfaitement les mots d’Edgar Allan Poe énoncés au début du film : « All that we see or seem is but a dream within a dream » (Tout ce que nous voyons ou nous paraissons n’est qu’un rêve dans un rêve). 


DÉCOUVREZ CHAQUE DIMANCHE UN CLASSIQUE DU CINÉMA DANS JOUR DE CULTE



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