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RUE DES DAMES

Mia, 25 ans, employée dans un petit salon de manucure dans le 18e à Paris, apprend qu’elle est enceinte. Il lui faut trouver d’urgence un nouvel appartement alors que son copain Nabil, en liberté conditionnelle, peine à joindre les deux bouts. Lancée dans une frénétique course contre la montre, Mia monte une combine impliquant des clientes du salon, des soirées privées, et un footballeur-star. Cette fois, elle n’a plus le choix : elle doit reprendre son destin en main.

CRITIQUE DU FILM 

Membres du groupe La Rumeur, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey ont à cœur de raconter des destins fragiles et des vies infimes, noyées dans un Paris qui semble les rejeter. Dans leur quatrième long-métrage, Rue des dames, ils donnent à voir la trajectoire de Mia, une jeune fille qui se débat pour garder la tête hors de l’eau, guidée par son instinct de survie. 

Dans les premières minutes du film, lors d’une échographie, le médecin met Mia en garde contre la consommation de stupéfiants et le stress pendant la grossesse. Si la jeune fille ne semble pas (ou plus) souffrir de dépendance, nous comprenons vite qu’elle évolue, en revanche, sous pression. Pour compléter les revenus de son emploi précaire, elle vend des entrées à des soirées privées et des fripes sur le trottoir. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, les problématiques du travail et de l’argent se complexifient encore et des variables humaines s’ajoutent à l’équation. 

Dans Rue des dames, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey filment Paris comme une arène où se jouent d’impitoyables jeux de pouvoirs. Dans ce décor hostile, les personnages doivent faire face à toutes sortes de difficultés, de la précarité financière à l’injustice, en passant par la violence. Ce sont autant de problématiques bien réelles que les cinéastes portent à l’écran, pour faire entendre les voix trop souvent noyées dans la masse urbaine. Mais l’écho de ces voix ne résonne que trop peu, à mesure que les intrigues enchevêtrées nous éloignent de la trajectoire de l’héroïne. 

rue des dames

Le rythme inégal du long-métrage met notre attention à rude épreuve, si bien que lorsque la tension voudrait atteindre un pic, lors d’une altercation dans un bar ou dans la rue, la crédibilité de la scène est compromise. Semblant prioriser l’évolution des différentes intrigues, l’enchaînement des séquences ne permet jamais de s’attarder sur l’intensité d’un regard, le poids d’un silence. La caméra filme les personnages, mais nous empêche pourtant de les voir. 

L’ambition du long-métrage de raconter la survie d’une jeune femme est ternie par une écriture qui reste en surface des différents personnages. Si la démarche de démontrer l’ambivalence des comportements humains et des mécaniques de pouvoir est compréhensible et intéressante, elle est alourdie par le découpage, la mise en scène et le travail sur le son qui laissent trop peu de place aux émotions. Dans une volonté de réalisme, le titre Rue des dames semble alors très à propos, car la rue, en dépit de celles et ceux qui la peuplent, est l’élément le plus solide et le plus convaincant du film. 

Bande-annonce

13 décembre 2023De Hamé BourokbaEkoué Labitey, avec Garance MarillierBakary KeitaSandor Funtek




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