THE POD GENERATION
Dans un futur pas si lointain, l’IA fait fureur et la nature devient un lointain souvenir. Le géant technologique Pegasus propose aux couples de partager la grossesse sur un pied d’égalité grâce à des utérus artificiels détachables, ou pods. Mais à quel prix ? Rachel et Alvy, un couple new-yorkais, sont prêts à passer à l’étape suivante de leur relation et à fonder une famille. Le travail de Rachel leur permet d’être en tête de la liste d’attente de Pegasus. Mais Alvy, botaniste et puriste convaincu, a des doutes. Son amour pour Rachel le pousse à faire un acte de foi. Et c’est ainsi que commence la folle chevauchée vers la parentalité dans ce nouveau monde plein de rebondissements, de virages et d’embûches.
Critique du film
Présenté en avant-première au festival de Deauville, à l’occasion d’une soirée de gala qui rendait hommage au début de carrière de son actrice principale, Emilia Clarke, The Pod Generation est le troisième long-métrage de la française Sophie Barthes, qui retrouve la science-fiction treize ans après Âmes en stock.
Dans un futur proche, hygiéniste et très urbanisé, la nature ayant entièrement perdu la lutte face aux environnements artificiels, Rachel est une femme dont la carrière est en pleine ascension. Alors que son mari botaniste, Alvy, tente de préserver ce qu’il reste du monde végétal, elle se voit offrir une promotion intéressante suite à ses performances remarquées par la direction. Inquiète qu’elle ne parte prochainement en congé maternité, la DRH propose une option afin d’assurer la pérennité de ses prestations. Si elle le souhaite, elle peut avoir recours à la technologie du Pod, un œuf de gestation reproduisant l’utérus maternel, et sa boîte versera le premier acompte.
Intriguée mais incertaine, Rachel n’ose pas en parler à son compagnon, qu’elle sait très attaché au processus naturel. Toutefois, alors que l’idée chemine en elle, la cadre reste ouverte et accepte de participer à la session de découverte de cette technologie révolutionnaire qui lui permettrait de s’épargner les aléas de la maternité, tant physiologiques que professionnels.
Let nature decide
Alors qu’il existe désormais une application pour presque tout, Sophie Barthes déplace le curseur et imagine un monde pas si éloigné du nôtre (culte de la performance, réchauffement climatique, industrialisation à outrance…) en intégrant l’intelligence artificielle comme ressource pour la maternité – et la psychothérapie. C’est ainsi que, dans The Pod Generation, la grossesse peut être – pour les couples qui le désirent – confiée à une entreprise. Les conjoints peuvent même assister en direct à la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde.
Si le postulat de départ, ainsi que les pistes de réflexion que le film ouvre, rappelle Black Mirror mais aussi Gattaca, The Pod Generation ne parvient jamais vraiment à trouver le bon ton entre comédie romantique décalée et récit satirique d’anticipation. Si le long-métrage a le mérite de questionner notre rapport à la parentalité, n’hésitant pas à rebattre les cartes du genre, et pointe les dangers de la marchandisation de l’humanité (en plus de la surexploitation des sols), il peine en revanche à convaincre totalement à force de désamorcer systématiquement les inquiétantes dérives capitalistes.
Manquant de mordant, cette satire demeure trop édulcorée pour provoquer l’effet escompté et finit même par nous perdre en chemin à force de partir dans tous les sens. On en ressort avec le sentiment que la bonne idée de départ n’a pas été exploitée de façon satisfaisante. Frustrant.
Bande-annonce
25 octobre 2023 – De Sophie Barthes, avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor