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LUNE FROIDE

Les tribulations de Simon et Dédé, deux amis paumés et soudés l’un à l’autre par une quête d’oubli et d’exaltation. La nuit, désinhibés par l’alcool et électrisés par Jimi Hendrix et le rock des années 1960, ils enchaînent les rencontres insolites et déjantées jusqu’à un soir de pleine lune…

Critique du film

Dédié à Patrick Dewaere et à Xavier Saint-Macary, Lune froide démarre par un pré-générique assez percutant qui nous fait rentrer dans le vif du sujet, grâce à un superbe noir et blanc, magnifié par la photographie de Jean-Jacques Bouhon, l’abattage de Patrick Bouchitey et de Jean-François Stévenin et des dialogues décapants. Les deux zonards s’embarquent dans une vieille 404 et le chant et la musique de Jimi Hendrix viennent nous transporter le temps d’un court générique dans une ambiance qui va durer une heure trente. On a ici affaire à un film rock’n’roll dans toutes l’acception du terme. Par la bande son qui associe à une musique originale de Didier Lockwood des grands groupes classiques des années soixante comme Procol Harum ou The Kinks. Mais aussi par l’esprit corrosif, transgressif et provocateur. 

Tiré de deux nouvelles de Charles Bukowski, Lune froide a été au départ un court-métrage puis a donné suite à cette œuvre étrange, dérangeante et en même temps terriblement drôle et jubilatoire, ne refusant pas certaines incursions poétiques, voire fantastiques. Scénarisé par Patrick Bouchitey et Jackie Berroyer, ce récit hilarant repose sur une alchimie mystérieuse : ou comment faire rire le spectateur et le captiver avec une histoire au sujet plus que sensible et des personnages qui malgré leurs travers – des paumés soiffards, parasites et obsédés sexuels – arrivent à nous intéresser, nous amuser et parfois même à nous émouvoir.

Autour de Patrick Bouchitey, qui s’en donnait à cœur joie avec son interprétation déjantée et survoltée et de Jean-François Stévenin, qui savait se montrer formidable de fragilité, on note la présence du regretté Jean-Pierre Bisson, un second rôle essentiel des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, mais aussi Jean-Pierre Castaldi, Roland Blanche ou Jackie Berroyer. Ce film qui ne ressemble à rien d’autre s’affirmait comme une pleine réussite plastique et artistique. 


Ce diamant noir, qui fit l’effet d’une déflagration à Cannes en 1991, peut être (re)découvert en salle grâce à Malavida Films dès le 15 novembre



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