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LE BARRAGE

Soudan, près du barrage de Merowe. Maher travaille dans une briqueterie traditionnelle alimentée par les eaux du Nil. Chaque soir, il s’aventure en secret dans le désert, pour bâtir une mystérieuse construction faite de boue. Alors que les Soudanais se soulèvent pour réclamer leur liberté, sa création semble prendre vie…

Critique du film

Artiste plasticien libanais, Ali Cherri se sert pour son travail créatif d’installations, de sculptures et de vidéos. Il avait déjà réalisé deux courts-métrages, L’Intranquille et Le Creuseur, avant de s’atteler à ce premier long-métrage sorti au cinéma en France en mars dernier après une sélection au festival de Cannes 2022. Étant données sa formation et sa sensibilité, Ali Cherri possède un sens aiguisé du cadre et offre des images et des plans d’une grande beauté, ce qui n’est pas le moindre attrait de cette œuvre énigmatique. Celle-ci évoque à la fois une situation bien réelle, celle du Soudan, mais aussi de tous les pays en proie à la dictature, et convoque des mythes comme celui de l’eau et de sa puissance – on est ici au bord du Nil – et celui du golem.  L’artiste confère à son film une dimension universaliste. 

Ces hommes qui travaillent inlassablement – pour ne pas dire exploités et sous-payés, quand on ne leur supprime purement et simplement pas une partie de leur paie – et qui ne semblent avoir de loisirs que des baignades furtives dans le Nil, sont-ils conscients de ce qui se joue dans leur pays ? Ils écoutent la radio, mais entendent-ils ce qu’on y dit ? Ont-ils un aperçu de la situation politique ? Ont-ils seulement les moyens de se préoccuper d’autre chose que de leur survie immédiate ?

Maher, le personnage principal, semble à part, au regard de ses collègues. Peut-être plus lucide et en même temps secret. Quelle est cette créature de glaise à laquelle il travaille lors de son temps libre ? Film fantastique et engagé, Le Barrage constitue une sorte de conte intemporel, parfois hypnotique avec son rythme lancinant qui prend son temps mais s’écoule inexorablement comme le Nil, qui devient presque un des personnages de cette œuvre aux très belles images, mais qui peut aussi parfois demeurer hermétique. Le travail du chef opérateur Bassem Fayad et les effets visuels très réussis contribuent à faire de ce premier long-métrage, original par son alliance de surnaturel et de politique, une découverte intéressante. 



Disponible en DVD édité par Blaq Out dès le 22 août, avec en supplément une rencontre avec Ali Cherri par le GNCR qui vient éclairer les intentions de l’artiste. 

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