Et la fête continue

ET LA FÊTE CONTINUE

A Marseille, Rosa, 60 ans, a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Critique du film

Et la fête continue vient nous parler des sujets habituels de Robert Guédiguian : la solidarité, l’engagement, la générosité et l’amour, tout cela avec un mélange de légèreté et de gravité et surtout avec la thématique très forte de la tentation de la résignation ou du découragement. Résignation devant l’injustice et la fatalité, découragement devant l’ampleur de la tâche à accomplir. Les personnages sont confrontés à l’arrivisme de certains militants politiques, tout à leurs calculs électoralistes quitte à sacrifier, à dévoyer mandats et idéaux, ou à un sentiment de vacuité, comme cette aide-soignante à deux doigts de tout plaquer car elle n’a pas pu être présente lors du dernier souffle d’un patient. 

Faut-il renoncer à ses aspirations altruistes, parce qu’on est imparfait, parce qu’on n’arrive pas à changer le monde ? Ou faut-il reconsidérer la situation, se montrer plus indulgent et réaliste vis-à-vis de soi-même, du monde et de ce qu’il est réellement possible de réaliser ? Et concernant les rapports humains, l’amour, ses relations avec sa famille ? N’en va-t-il pas de la même façon ? Au départ, Rosa et Henri, interprétés par Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin – pourraient paraître très peu compatibles, de même qu’Henri connait bien des difficultés de communication avec sa fille Alice – Lola Naymark – qui lui reproche peut-être d’être moins engagé politiquement qu’elle. 

Croire à la seconde chance en amour, renouer avec un père qu’on a peut-être jugé un peu vite, n’est-ce pas aussi une forme d’engagement ? Faire preuve de courage et d’opiniâtreté dans son travail, ses idéaux politiques s’avère indispensable. Se réconcilier avec les siens, être indulgent, patient et donner sa chance à l’autre constitue également un acte citoyen fort. Et ne pas négliger une approche également hédoniste de l’existence ne peut que contribuer à trouver un équilibre dans sa vie et à supporter les aspects les plus difficiles. Les personnages de Robert Guédiguian ont cette capacité à être combattifs, pugnaces, sans pour autant perdre de leur tendresse, de leur réserve d’amour, d’optimisme et d’amitié qui semble inépuisable.

Une fois de plus, on est touché par cet alliage de gravité et de légèreté, cet humanisme qui n’a rien de grandiloquent ou de feint, mais qui repose sur la fréquentation assidue, attentive et aimante, des femmes et hommes qui constituent notre quotidien. 


Et la fête continue sort en DVD et en Blu-Ray le 19 mars, édité par Diaphana, accompagné en complément par un making-of réalisé par Isabelle Danel : en bande organisée.




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