THE SALVATION
1870, Amérique. Lorsque John tue le meurtrier de sa famille, il déclenche la fureur du chef de gang, Delarue. Trahi par sa communauté, lâche et corrompue, le paisible pionnier doit alors traquer seul les hors-la-loi.
La vengeance dans la peau
Voilà presque deux ans que nous suivions de près ce projet initié par Kristian Levring, l’un des quatre cinéastes co-fondateurs du Dogme 95. Après un passage plutôt remarqué au Festival de Cannes (où il fut présenté hors compétition), le très attendu The Salvation arrive en salles françaises. Nous avons eu la chance de découvrir le film en avant-première. Dans sa note d’intention, Levring évoque ses modèles d’antan, de Sergio Leone à John Ford en passant par Akira Kurosawa, et qualifie sans détour son long-métrage d’hommage au western classique américain.
En 2014, le western est un genre perçu par la majorité comme dépassé. Il faut reconnaître que rares sont les cinéastes s’y risquant sérieusement : ceux qui s’y aventurent privilégient la dimension comique et grotesque (voire parodique) ou l’enrobent d’une ambiance pop plus moderne (Django Unchained). Kristian Levring, lui, assume ses fantasmes de vastes paysages désertiques, d’épopées cavalières et de crépuscules sanglants. Il peint une fresque fidèle à l’esprit des grands westerns de l’époque, respectant les codes avec fidélité. Sa caméra navigue continuellement dans l’espace, ne craignant ni les sorties de champs répétées ni des gros plans sur le visage de ses interprètes. Le travail sur la photographie n’a pas manqué d’attention (et a nécessité une certaine patience pour quelques prises de vue) avec des contrastes appuyés rappelant les palettes de couleurs de l’âge d’or.
Pour mettre en images son rêve d’enfance, Kristian Levring avait justement besoin de comédiens capables de donner corps à ses protagonistes forcément archétypaux. Il ne s’est pas trompé pour ce qui est de ses personnages principaux, confiant à l’immense Mads Mikkelsen le rôle central de cette histoire de vengeance. Le comédien danois, brillant dans La Chasse, Michael Kohlhaas ou encore Royal Affair, confirme qu’il excelle lorsqu’il s’agit de camper un personnage quasi-mutique en lui donnant une intensité déroutante. De son côté, Eva Green impressionne (dans un rôle délicat), démontrant sa faculté à briser le silence par la puissance de son regard. L’actrice française, très en vogue outre-atlantique, n’a de cesse d’enrichir sa filmographie de collaborations fructueuses et de jolis projets indépendants (Cracks, Perfect Sense…) Jeffrey Dean Morgan, enfin, assume impeccablement son statut de bad-guy à mi-chemin entre le cabotinage que le rôle impose et la réserve nécessaire pour ne pas verser dans la caricature. Les seconds rôles, en revanche, ne sont pas toujours à la hauteur avec des prestations n’inspirant ni dégoût ni compassion.
Si l’intrigue ne surprend pas forcément (est-ce le but ?), la mise en scène de Levring permet de rester dans le rythme et de suivre cette quête de vengeance menée par un John qui finira par croiser la route de son rival Delarue et de la mystérieuse Madelaine… jusqu’à un dénouement d’une belle et juste simplicité. The Salvation ne cherche pas à révolutionner le genre, il tente de le sublimer. Hommage revendiqué, il réussit sa mission en offrant un divertissement de qualité porté par trois comédiens à l’aise dans leurs bottes de cowboys.
À lire aussi : nos interviews de Mads Mikkelsen & Kristian Levring
La ficheTHE SALVATION
Réalisé par Kristian Levring
Avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan
Danemark, Grande Bretagne – Western
27 Août 2014
Durée : 102 min
Merci Thomas, ça donne envie.
Je ne pense pas que les cinéastes d’aujourd’hui considèrent le western comme dépassé. Ce que tu dis de Kristian Levring, qu’il « assume ses fantasmes de vastes paysages désertiques, d’épopées cavalières et de crépuscules sanglants…Le travail sur la photographie n’a pas manqué d’attention » est aussi vrai du western de Tommy Lee Jones, sorti récemment, « The Homesman »:
http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/06/the-homesman-le-bouleversant-western-de.html
Bises et à bientôt,
Marla
PS : « Festen, » et « La Chasse » sont deux films grandioses.
Bonsoir Marla, je ne fais que reprendre certains propos que j’ai pu lire un peu partout ces derniers temps au sujet des westerns 😉
Merci pour le lien, je t’avoue ne pas avoir aimé du tout The Homesman :
http://www.lebleudumiroir.fr/the-homesman/
Donc je ne peux malheureusement approuver ton propos. En revanche, je te rejoins au sujet des deux grands films de Vinterberg.
Tu n’aimes pas The Homesman ?! 🙁
Tu me brises le cœur.
M’enfin. On est potes quand-même, hein ?
Oui désolé, je me suis passablement ennuyé devant ce film et j’ai trouvé les deux personnages assez détestables.
Heureusement qu’il ne faut pas être d’accord sur tout pour s’entendre et échanger avec plaisir 🙂
Bonjour тном ряи , j’attends avec impatience le mercredi 27 août. Bonne journée.
J’espère que le film te plaira. Il n’est pas irréprochable mais il réussit sa mission.
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