Andrew-Garfield-Mainstream

MAINSTREAM

Frankie, jeune youtubeuse, croise le chemin d’un étranger charismatique nommé Link. Aspirant à atteindre le succès, Frankie et Link font appel à Jake pour commencer la collaboration qui changera leur vie…

Critique du film

Palo Alto, sorti en 2014 en salles, avait été l’occasion de découvrir la troisième génération de la famille Coppola derrière la caméra, Gia Coppola étant la petite-fille de la légende Francis Ford, et la nièce de Sofia et Roman. Son premier film était également de manière étrange un exercice de filiation, mettant en scène Emma Roberts, fille d’Eric et nièce de Julia, tous les deux acteurs reconnus, mais également Jack Kilmer le fils de Val. Ce qui pouvait sembler un simple clin d’œil destiné à être un épiphénomène amusant, résonne de nouveau avec le deuxième de Gia Coppola, Mainstream. On y retrouve dans le premier rôle Maya Hawke, fille d’Ethan Hawke et d’Uma Thurman, et qui sert également au spectateur de véhicule dans une histoire assez complexe.

Frankie est serveuse dans un bar de Los Angeles, tout en rêvant à la chaine Youtube à succès qu’elle aimerait créer, passant tout son temps libre à filmer la moindre scène insolite croisant son chemin. L’opportunité de changer de vie se présente sous la forme de Link, joué par Andrew Garfield, un jeune homme fantasque qui semble vivre d’expédients, ne pas avoir de téléphone portable ni d’adresse fixe. Affublé d’un costume d’animal, il se met en scène devant des passants, monopolisant l’attention par des tirades et prouesses physiques qui ne laissent personne indifférent, en premier lieu une Frankie hypnotisée par cette fougue qui la fait sortir de son quotidien terne.

Mainstream

Ce qui pouvait sembler prendre le chemin d’une comédie romantique loufoque et originale devient dès lors une critique acerbe des nouveaux médias créateurs d’un contenu vide de sens, fait d’humiliations et de surenchères graves et obscène. Link perd ses attributs de trublion amusant pour révéler une nature psychotique inquiétante, et un égo démesuré impossible à contrôler. Cette critique d’une certaine forme de modernité aurait pu être fascinante tellement elle passe au crible le contemporain et sa capacité à starifier tout et n’importe quoi, dès que cela est passé par le prisme de l’image et de la vidéo comme l’atteste la réussite d’une forme de télé-réalité depuis deux décennies. C’était sans compter sur une forme d’excès à la fois dans la forme et dans le fond qui rendent Mainstream pour le moins indigeste.

Le choix de saturer l’image de couleurs baveuses, ainsi que de multiplier les effets tapageurs pour souligner l’obscénité de ces vidéos, finit par écœurer à force de répétition. Passée la sympathique introduction des personnages principaux, c’est une succession de performance d’Andrew Garfield, plus incontrôlable que jamais, auquel nous sommes forcés d’assister, comme prisonniers d’un spectacle volontairement affligeant. Le propos s’embourbe dans cette forme boursouflée et semble presque indiscernable dans son dernier tiers. Si cela était bien le projet de l’autrice de ne pas être sympathique, on peut dire qu’elle y réussit trop bien, rendant son film très déplaisant à force de noircir un tableau pourtant bien entamé.

Ce deuxième essai de Gia Coppola ne trouvera donc pas le chemin des cinémas français, sans doute à cause d’un contexte trop saturé de films à présenter, mais il est difficile de dire si cela est vraiment regrettable. Le film est en effet trop lesté de défauts rédhibitoires qui le font basculer de pamphlet à flop regrettable, tellement on aurait voulu plus l’aimer, à l’instar d’une jeune réalisatrice aux bonnes intentions, non couronnée de succès dans son accomplissement.

Bande-annonce

28 novembre 2021 (en VOD) – De Gia Coppola, avec Andrew Garfield, Maya Hawke et Nat Wolff.


Présenté en séance spéciale au Festival International de La Roche-sur-Yon





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