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LA POURSUITE IMPITOYABLE

En 1966, dans une petite ville du Texas, l’évasion d’un détenu met tout le monde en émoi, alors qu’une fête bat son plein chez le magnat du pétrole local. Le shérif Calder va tout faire pour arrêter l’évadé avant qu’il ne se fasse lyncher.

L’épopée sauvage

Cinquième film d’Arthur Penn, tourné entre Mickey One et Bonnie and Clyde, La Poursuite impitoyable est un film âpre et sans concession dans sa description d’une Amérique raciste, dépravée et prête à sombrer dans une violence sans limites. Les apparences de respectabilité et de civilisation ne sont qu’un vernis qui va très vite craquer sous l’effet conjugué de l’alcool, de la haine et de la  bêtise.

Le film est souvent considéré comme assez mineur dans la filmographie d’Arthur Penn. On lui, préfère souvent Bonnie and Clyde, (1967) Little big man (1970) ou même La fugue  (« Night moves » 1975) polar assez étonnant avec Gene Hackman dans le rôle d’un détective privé fragile et désorienté. Dans 50 ans de cinéma américain de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, le film est d’ailleurs considéré comme le plus mauvais d’Arthur Penn, ce qui peut sembler excessif.

S’il est vrai qu’il comporte des moments qui peuvent paraître appuyés ou théâtraux (mais rappelons qu’Arthur Penn venait du théâtre et des dramatiques télévisées), le film garde une certaine force dans sa description d’une ville qui sombre dans l’hystérie collective, prête à tenter de tuer un homme noir ou de tabasser un représentant de la loi. La scène durant laquelle le shérif Calder, joué par Marlon Brando, se fait tabasser est assez crue pour l’époque. Le visage de l’acteur semble marqué d’une façon si réaliste que la rumeur courut que l’acteur s’était volontairement fait réellement brutaliser par souci d’authenticité. 

Contexte explosif

Que cette anecdote soit fondée ou pas, elle en dit long sur l’investissement de Brando dans ce film et il livre une interprétation assez sobre de son personnage. Il est d’ailleurs très bien entouré par les autres interprètes de ce film : Angie Dickinson, Jane Fonda, Robert Redford, Robert Duvall et James Fox pour ne citer que les principaux.

On a parfois reproché à ce film une mise en scène qui manquait de subtilité mais n’oublions pas que le film a été tournée dans une période très agitée des Etats-Unis (lutte pour les droits civiques, émeutes, assassinat de Kennedy) et que la ségrégation et la violence qui y régnaient rendaient le climat explosif et un film comme celui-ci était un véritable acte militant. 

Ce film est-il un chef d’œuvre ? On peut lui contester ce statut mais pas celui de document implacable sur une Amérique violente et désœuvrée, document qui n’est d’ailleurs pas forcément obsolète, hélas.


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