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DON’T WORRY DARLING

La chronique d’une communauté isolée dans le désert californien en plein coeur des années 1950, au sein de laquelle une femme au foyer voit sa vie être chamboulée.

Critique du film

Olivia Wilde avait plutôt convaincu critique et public lors de son premier passage derrière la caméra en 2019 avec Booksmart. Sans renouveler le genre, son teen movie féminin témoignait d’un timing comique des plus efficaces, doublé d’une jolie direction de comédiennes. La voir s’atteler à un projet de thriller psychologique original, soutenu par un studio aussi important que Warner Bros, avait donc de quoi susciter un réel intérêt. Après un passage mouvementé au festival de Venise et une promotion pour le moins chaotique, le film arrive finalement sur grand écran avec pour objectif de recentrer les débats autour de questions purement cinématographiques. 

Le postulat de Don’t Worry Darling intrigue pendant dix bonnes minutes. Alice et Jack vivent dans une banlieue pavillonnaire tout droit sortie d’un magazine déco des années 50. Chaque matin, les hommes de la communauté partent travailler sur un mystérieux projet pendant que leurs chères et tendres entament une chorégraphie rondement menée : ménage de printemps, shopping, cocktails en terrasse entre copines, sans oublier les immanquables tâches culinaires afin que le dîner de Monsieur soit prêt en temps et en heure… Une routine bien huilée que ne tarde pas à remettre en cause Alice, suite à une série d’événements étranges qui la plonge progressivement dans le doute quant à la réalité de son environnement un peu trop ‘’idyllique’’ pour être honnête…

Le film souffre sans doute en premier lieu de son concept ; celui-là même sur lequel reposent toutes les intentions de réalisation. Non pas que l’idée de départ soit mauvaise en soit, mais celle-ci s’inscrit dans une lignée d’œuvres de science-fiction tellement identifiables qu’elle souffre fatalement de la comparaison avec lesdites œuvres. Entre The Truman Show (influence officiellement revendiquée par Wilde) et The Stepford Wives, le film vogue sur des terrains beaucoup trop familiers pour réellement surprendre et convaincre. Cela pourrait ne pas poser problème si la réalisatrice et ses trois scénaristes ne s’échinaient pas à articuler l’entièreté de leur dispositif narratif autour d’un rebondissement final franchement faiblard (que les fans de Black Mirror auront grillé au bout de 15 minutes !)

Difficile dans ses conditions d’éprouver la moindre empathie pour Alice tant le parcours de l’héroïne semble avoir été écrit avec pour unique ambition de justifier les ‘’surprises’’ réservées par le scénario. À l’instar de son personnage, Florence Pugh se débat comme elle peut pour apporter un peu de vie à un rôle qu’on jurerait écrit par un algorithme. Ce qu’elle parvient à faire à de rares instants. Mais l’implication de l’actrice de Midsommar a beau relever de l’exploit, elle ne peut malheureusement pas masquer le cruel manque de développement réservé à l’ensemble des personnages ; Jack en tête, qui accumule les pires clichés du personnage ‘’fonction’’, pas aidé non plus par l’interprétation complètement hors sujet d’Harry Styles. 

Ne reste plus grand-chose à sauver d’un tel vide cinématographique. Doté d’une écriture aussi artificielle que la mise en scène est aux abonnés absents, le film se contente de survoler avec beaucoup de lourdeurs différentes thématiques comme l’assignation des genres dans la société patriarcale ou les dérives du communautarisme résidentiel… Sans jamais poser de regard ou un début de réflexion digne de ce nom sur ces sujets. Inutile alors de convoquer Lewis Carroll en nommant ses personnages Alice ou Bunny pour tenter de rendre plus intelligente une œuvre qui ne l’est à aucun moment.

Bande-annonce

21 septembre 2022D’Olivia Wilde, avec Florence PughHarry StylesChris Pine


Festival de Deauville 2022 – Film de clôture




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