film du mois_Fev23

BILAN | Les meilleurs films du mois de février 2023

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS DE  FEVRIER 2023.

Le choix de Thomas Périllon

AFTERSUN de Charlotte Wells

Un diamant de délicatesse et de mélancolie qui vous reste en tête des mois après son visionnage. Plus de six mois après sa découverte initiale en festival, revoir Aftersun émeut en salle toujours autant, et peut-être plus encore. Toute la subtilité (et par là même la beauté) du film réside dans ces scènes faussement anodines où ce qui ne se dit pas verbalement se murmure par les gestes, les regards. L’alchimie entre les deux comédiens tient presque du miracle. Ce qu’ils incarnent, au-delà des mots, désarme. Du haut de ses 11 ans, Sophie perçoit bien plus qu’elle ne l’exprime. La fragilité d’un parent à qui elle pardonne, tant qu’elle le peut, ses égarements. Et ce père, meurtri, dans un moment de tendresse délicat, tente d’apporter tout le réconfort et la confiance dont un enfant a besoin pour se construire et devenir celui/celle qu’iel aspire à être. Et cette exploration des souvenirs, des plus doux aux plus troublants, que l’on recompose et réinterprète à l’âge adulte.

Le choix de Florent Boutet

Le retour des hirondelles

LE RETOUR DES HIRONDELLES de Li Ruijun

Un mois où le génie de Steven Spielberg illumine une fois de plus le paysage cinématographique mondial, il y a pourtant un film plus confidentiel qui mérite également toutes les louanges. Jumeau du très beau Nos Soleils de Carlan Simon, Le retour des hirondelles de Li Ruijun porte en lui ce regard sur la disparition de la paysannerie familiale, avec un terroir chinois qui se paupérise et vieillit dans des proportions dramatiques. Au-delà de ce constat social accablant, le cinéaste chinois réalise un film lumineux où il met en valeur avec maestria ces terres qui sont aussi les siennes, dans un souci d’authenticité et d’humanité remarquables.

Le choix d’Antoine Rousseau

LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI de Kirill Serebrennikov

Récit d’une passion toxique et destructrice jusqu’à la folie, La Femme de Tchaikovski feint une mise en scène classique et historique pour mieux plonger le spectateur dans un dédale mental cauchemardesque.  Moins tape-à-l’œil et plus équilibrée que dans ses précédents travaux, la mise en scène de Kirill Serebrennikov fait des merveilles sans pour autant renier les envolées fiévreuses qui caractérisent le cinéma de son auteur. Un grand film funèbre où brille Alyona Mikhailova, dont on se demande encore pourquoi elle n’a pas décroché le Prix d’interprétation au festival de Cannes.

Le choix de François-Xavier Thuaud

La montagne

LA MONTAGNE de Thomas Salvador

Après Vincent n’a pas d’écailles, on attendait avec impatience le nouveau long métrage de Thomas Salvador. Avec La montagne, cinéaste creuse un sillon marginal et absolument nécessaire au cinéma français avec ce film qui prend de la hauteur et le pouls d’une époque effrénée. Sa manière de poétiser le contemporain par le fantastique est unique. Salvador invente la soustraction exponentielle et nous laisse ébahis, confrontés à notre for extérieur.

Le choix de Tanguy Bosselli

THE FABELMANS de Steven Spielberg

The Fabelmans de Spielberg n’est pas « qu’une lettre d’amour au cinéma », il est une vision protéiforme du Septième Art, filant dans les détails des mécanismes techniques et émotionnels qui ont longtemps parsemé la filmographie du réalisateur. De cette maison familiale filmée par des surcadrages à ce clin d’oeil humoristique final, le long-métrage surprend par son inventivité permanente et par son casting éblouissant. À voir, encore et encore !

Le choix de Victor Van de Kadsye

AFTERSUN de Charlotte Wells

Chronique délicate sur les vacances d’un père et de sa fille, Aftersun est un film sublime où chaque micro-élément du récit devient un coup émotionnel impressionnant. Les souvenirs deviennent sensoriels, nébuleux et nous déboussolent autant que cette héroïne, en quête de réponses.

Le choix de Jean-Christophe Manuceau

The fabelmans

THE FABELMANS de Steven Spielberg

Malgré une affiche horrible, le dernier opus de Spielberg s’avère tout à fait passionnant. En se penchant pour la première fois directement sur son enfance, dans un mouvement nostalgique et autobiographique qu’il partage avec Alfonso Cuaron (Roma), Kenneth Branagh (Belfast) ou encore James Gray (Armageddon Time), le réalisateur d’ET émeut. Sa relation avec ses parents qui se déchirent, l’éveil de son intérêt pour le cinéma après une première séance traumatique, ses premiers tournages fauchés, tous ces thèmes sont abordés de front dans The Fabelmans qui réussit le prodige de parler du cinéma au cinéma sans tomber à plat. La façon dont le jeune Sammy Fabelman découvre le pouvoir révélateur de la caméra en dit long sur la pratique de cet art auquel Spielberg s’adonne depuis plus de cinquante ans. Avec des acteurs formidables (mention spéciale à la magnifique Michelle Williams) et une musique d’une grande sensibilité et retenue de John Williams, le film s’impose comme une des grandes réussites de Spielberg dans une carrière qui en compte déjà pas mal. L’échec du film aux Etats-Unis ne peut qu’inquiéter quant aux goûts d’un public devenu incapable d’apprécier un spectacle intelligent et généreux.



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