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SUPERCONDRIAQUE

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Ringard

Romain Faubert est un homme seul qui, à bientôt 40 ans, n’a ni femme ni enfant. Le métier qu’il exerce, photographe pour dictionnaire médical en ligne, n’arrange rien à une hypocondrie maladive qui guide son style de vie depuis bien trop longtemps et fait de lui un peureux névropathe. Il a comme seul et véritable ami son médecin traitant, le Docteur Dimitri Zvenska, qui dans un premier temps a le tort de le prendre en affection, ce qu’il regrette aujourd’hui amèrement. Le malade imaginaire est difficilement gérable et Dimitri donnerait tout pour s’en débarrasser définitivement. 

Supercon et fier de l’être

Dany Boon, génie ou imposteur ? Derrière la boutade rhétorique subsiste une vraie question. Comment un « auteur » aussi médiocre peut-il encore sévir chez nous et continuer à remplir les salles ? Pour réussir à chaque production à repousser les limites de la bêtise et atteindre systématiquement le degré zéro de l’humour, il faut un certain génie. L’homme, qui n’a jamais été drôle des planches aux plateaux télé, continue de nous servir ses bouses sur grand écran sous la bénédiction de son bien-avisé mécène – qui (lui) n’en finit plus de niveler par le bas la production française à coups de dizaines de millions d’euros.  

Pour sa nouvelle bouse, ce bon vieux Daniel Hamidou ne change (surtout) pas les ingrédients qui ont fait sa bonne fortune en retombant volontiers dans ses pitreries saupoudrées généreusement de clichés misogynes et xénophobes. Définitivement accroché à son personnage d’imbécile – le bonhomme n’a visiblement pas compris que pour jouer l’idiot comme Pierre Richard ou Jacques Villeret, il fallait avoir du talent – il met la barre encore plus haut en nous gratifiant de presque deux heures d’hystérie idiote où abondent les gags grotesques et répétitifs, les gesticulations et les cris aigus, les rebondissements et les quiproquos invraisemblables.

Elle est bien loin l’époque où la France se poilait devant les grimaces de Louis De Funès et les sourires benêts de Bourvil. En se targuant de faire du « cinéma populaire », l’escroc Boon se moque impunément du spectateur et lui sert sa soupe populiste et opportuniste avec un sujet qu’il a certainement trouvé en matant le JT de JP sur la Une – à moins que ce ne soit sur NRJ12, l’attardé campé par Boon pouvant aisément faire l’objet d’un nouvel épisode de Tellement vrai intitulé « Mes proches n’en peuvent plus de mon hypocondrie ».

Malheureusement, sentant rapidement qu’il ne trouverait pas matière à faire un long-métrage là-dessus (surtout quand on est aussi peu inventif), le père Dany, fidèle à lui-même, ne s’embarrasse pas avec la cohérence et la crédibilité. Il assume fièrement ce navet sans queue ni tête : l’intrigue part dans tous les sens pour nous conduire (de force) aux pieds de l’Oural à l’issue d’une deuxième partie de métrage qui se sera dangereusement éloignée de son sujet. Ne réussissant pas être drôle, le filou s’est rabattu sur la comédie mièvre et le film d’action au rabais, assumant ainsi son ambition de proposer à l’hexagone un pot-pourri de ce qui se fait de plus mauvais sur grand écran. 

Sentant que cet article pourrait être suspecté de mauvaise foi, il est de mon devoir d’être honnête en concédant que Supercondriaque cache (au milieu de la misère) une paire de vannes prêtant à sourire. Malheureusement, l’une d’entre elles a tourné en boucle lors de la promo, c’est ballot. Il ne reste plus alors qu’à guetter un jeu de mots du malicieux belge Stéphane De Groodt, certainement venu se perdre ici pour remercier le Boon d’avoir produit son court-métrage.

Plus ridicule et ringard que drôle,Supercondriaque est le film d’un comique malade souffrant de symptômes alarmants : forte déficience en créativité,  spasmes faciaux incontrôlables et troubles sévères du comportement (le patient meugle et gémit sans cesse, se jette au sol à tout bout de champ, imite Johnny pour se donner une virilité, prend l’accent slave et massacre volontairement l’anglais). Plus qu’une camisole, une mise au repos forcé devient urgente. Son film risque de coûter plus cher au cinéma français qu’à la Sécu.

La fiche
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SUPERCONDRIAQUE
Réalisé par Daniel Hamidou
Avec Lui-même, son pote Kad et sa copine Alice Pol-Emploi
France – Pot-pourri
26 février 2014
Durée : 107 min




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Maurice CURIE
Maurice CURIE
10 années il y a

Je reprends ce que j’ai posté hier 7 mars sur Le Plus du Nouvel Obs. :
Les remarques qui tendent à décrier ce genre de films beaufs, franchouillards, à l’humour encore plus poussif que convenu, devraient interpeller, sinon servir de catalyseur : ne sont-elles pas légitimes, ces remarques, dans tous les cas frappées au coin du bon sens, suis-je normal moi non qui n’aime pas cette daube, mais QUI RIS BÊTEMENT à ce qui se veut être de l’humour, ne remarqué-je pas un humour de pacotille qui me fait, quand des pékins se fendent la bille dans la salle, adhérer à l’idée que c’est bien, que c’est «marrant» ?

Ne dois-je pas me dire que c’est comme quand j’arrive dans une pizzéria sur le coup de treize heures, que mon estomac crie famine et que la pizza sommaire qu’on me sert semble être bonne, alors qu’elle tristement banale ? L’analyse qu’en fait Untel ‒ dans le cas présent l’excellent Thomas PERILLON ‒ n’est-elle pas des plus pertinentes ? Moi je le dis tout net : si, si, SI ! Ce film de Dany BOON contribue juste à l’«encrétinement» des cerveaux, point.

Maurice CURIE
Maurice CURIE
10 années il y a

Un jour peut-être, PEUT-ÊTRE certains prendront-ils conscience qu’ils auront adulé de la daube, que ce qui se voulait de la nourriture pour leur âme, leur «cerebrum» à tout le moins n’était que de la sous-denrée pas loin de rappeler la nourriture pour chiens ; et que les (f)auteurs de la chose s’en seront mis plein les fouilles, les dupant un peu plus au fil des productions merdiques successives. On ne sait quel sera le titre de la prochaine production ‒ PDM (produit de décérébration massive) ‒, mais on peut d’ores et déjà se dire qu’il y en aura une.

Bravo Thomas pour votre finesse d’appréciation…

Michael
Michael
10 années il y a

Une de ces critiques dont tu as le secret et la plume bien aiguisée. Je vais le voir demain, uniquement pour accompagner quelqu’un, et parce que j’ai la carte illimitée UGC / Caméo à Nancy.. Au pire, je perds donc juste du temps… Je dois bien avouer que Boon sur les planches est bien en dessous du niveau de la mer…et il faut avoir l’esprit très léger pour le suivre au cinéma… Ma foi, réponse demain !

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10 années il y a

[…] à la déjà trop longue liste de mauvaises comédies françaises de cette cuvée 2014 (Supercondriaque, Les Trois Frères le retour, Situation amoureuse…). – тном […]

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9 années il y a

[…] du public étaient loin d’être des perles (insupportable Le Prénom, désolantes Dany-bouses et affligeante suite des Bronzés…) si l’on excepte quelques vraies réussites comme […]

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9 années il y a

[…] Supercondriaque – Dany Boon […]

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[…] la lignée des Dany-bouses, Eric Lartigau assume sa beaufitude et n’y va pas de main morte sur les blagues potaches, les […]

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9 années il y a

[…] qu’il prouve que le cinéma français sait encore produire de bons films populaires, loin des Supercondriaque et autre Famille […]

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