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WICKED

Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l’Université de Shiz, dans le fantastique monde d’Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec Le Magicien d’Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner. Tandis que Glinda, assoiffée de popularité, se laisse séduire par le pouvoir, la détermination d’Elphaba à rester fidèle à elle-même et à son entourage aura des conséquences aussi malheureuses qu’inattendues. Leurs aventures extraordinaires au pays d’Oz les mèneront finalement à accomplir leur destinée en devenant respectivement la Bonne et la Méchante Sorcière de l’Ouest.

Critique du film

Vingt ans après son triomphe à Broadway, Wicked trouve enfin le chemin des salles obscures, sous la direction de Jon M. Chu, habitué des fresques musicales (In the Heights). Préquel du Magicien d’Oz, le film revisite le mythe du point de vue des sorcières, pour livrer un récit initiatique empreint de modernité. On y suit Elphaba (formidable Cynthia Erivo), jeune femme à la peau verte marginalisée depuis l’enfance, qui découvre à l’université de Shiz qu’être différente n’est pas une honte mais une force. À ses côtés, Glinda, incarnée par une Ariana Grande mutine et touchante. Blonde, populaire et superficielle en apparence, sa rencontre avec Elphaba va renverser peu à peu les certitudes.

Leur amitié improbable, née dans un décor féérique, devient une allégorie de la tolérance et de la solidarité entre femmes, où les apparences trompent et les normes s’effritent. Dans un monde gouverné par la peur et la manipulation, les deux héroïnes découvrent un sombre complot visant à éliminer les animaux doués de parole. Ce geste d’exclusion, qui résonne étrangement avec les dérives autoritaires et la défiance envers la différence de notre époque, confère au conte un écho politique inattendu.

Wicked

Visuellement, Wicked déploie un univers bariolé, baroque et chorégraphié, où chaque séquence musicale devient une célébration de la différence. Si la première partie pâtit parfois d’un excès de démonstration — l’univers numérique et les effets spéciaux pas forcément réussis enlèvent parfois de la magie — et s’étire de manière inégale, la grâce des interprètes compense : Cynthia Erivo émeut par la sincérité et la puissance de son chant, tandis qu’Ariana Grande, loin du simple casting de prestige, fait taire les mauvaises langues et livre une solide prestation en héroïne en quête de sens et de justice.

À l’image de la bonne surprise Wonka l’hiver précédent, Wicked possédait tous les atouts du grand divertissement familial de fin d’année. Même si son éclat de paillettes et ses refrains entêtants pourront en agacer plus d’un·e, le film se distingue dans son message incitant à transformer l’exclusion en pouvoir. Un conte pop et inclusif, avec un sous-texte politique bienvenu, on n’en attendait pas tant.


4 décembre 2024 – De Jon M. Chu