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TOUCH

Au crépuscule de sa vie, Kristofer, un islandais de 73 ans, se met en tête de retrouver la trace de Miko, son amour de jeunesse. Il s’envole alors pour Londres, à la recherche de ce petit restaurant japonais où ils se sont rencontrés cinquante ans plus tôt. Kristofer l’ignore, mais sa quête, à mesure que les souvenirs refont surface, va le mener jusqu’au bout du monde.

Critique du film

Après une série de films plutôt musclés (Everest, Beast, 2 Guns) qui ont assis sa réputation à Hollywood, Baltasar Kormákur revient avec Touch, un film modeste et délicat, comme en marge de sa filmographie récente. Adapté d’un roman de Ólafur Jóhann Ólafsson, ce mélodrame à la structure éclatée signe sans doute l’œuvre la plus sensible du cinéaste islandais à ce jour — et à ce titre, mérite qu’on s’y attarde, malgré ses limites.

Touch s’inscrit dans le sillage de certaines romances internationales, portées par une douce nostalgie et un regard humaniste. La narration du film alterne entre Londres à la fin des années 1960 et l’Islande de 2020, où Kristófer, un septuagénaire veuf, décide de retrouver Miko, son amour de jeunesse d’origine japonaise. L’enquête amoureuse devient prétexte à un voyage dans le passé, et c’est là que le film touche à son cœur.

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Sans jamais forcer l’émotion, Touch trouve sa singularité dans ce qu’il raconte, sans grandiloquence, des survivants d’Hiroshima. À travers le personnage de Miko, marquée par la stigmatisation sociale que la guerre a laissé dans son sillage, le récit convoque une mémoire collective douloureuse et rarement abordée avec autant de délicatesse dans une comédie romantique. Ce contrepoint historique, loin de parasiter la romance, en révèle toute la gravité cachée : l’amour contrarié devient aussi amour empêché par l’Histoire.

Visuellement, Kormákur signe une mise en scène apaisée, élégante, bien loin de ses compositions plus spectaculaires. La photo feutrée d’Andrew Droz Palermo (A Ghost Story) et la musique subtile de Nico Muhly contribuent à créer une atmosphère de mélancolie légère, presque cotonneuse, parfois un peu trop sage. Le charme opère néanmoins, grâce à la justesse de ses jeunes interprètes, Palmi Kormákur et Kōki, qui incarnent les amants avec une fraîcheur timide, presque désuète, qui sied au ton général.

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Mais ce charme discret se heurte à une certaine inertie narrative. Le film, long de près de deux heures, s’étire parfois au risque de perdre un peu de son intensité. L’émotion, bien que sincère, reste contenue jusqu’au bout, et la résolution, attendue, ne provoque pas tout à fait le frisson escompté. Ce n’est pas un défaut majeur, mais cela contribue à faire de Touch une œuvre plus attachante que bouleversante.

On retiendra essentiellement ce pas de côté bienvenu, pour un cinéaste habitué aux tensions physiques, et ce film tout en douceur, qui parle de cicatrices intimes, de rendez-vous manqués, et de tendresse persistante.

Bande-annonce

30 juillet 2025 – De Baltasar Kormákur


Visions Nordiques – Film d’ouverture