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THE TRAGEDY OF MACBETH

Une nouvelle adaptation de MacBeth d’après William Shakespeare. Un seigneur écossais est convaincu par un trio de sorcières qu’il deviendra le prochain roi d’Écosse. Son ambitieuse épouse le soutient dans ses plans de prise du pouvoir.

Critique du film

Après le film à chapitres La Ballade de Buster Scruggs, sorti directement sur Netflix, Joel Coen s’émancipe de son frère (durablement ?) et propose, avec Apple TV+ cette fois, son adaptation du ô combien classique Macbeth de William Shakespeare, baigné dans l’esthétique d’A24… Un programme curieux et réjouissant, au premier abord, qui ne cessera jamais de fasciner le spectateur, tant le regard apporté sur cette tragédie semble unique. Dans un second temps, le film peinera peut-être à toucher ceux venus pour y trouver de la fantaisie. 

Macbeth est une tragédie qui poursuit le cinéma depuis des décennies. Welles, Kurosawa, Polanski s’y sont prêtés. Dernièrement Justin Kurzel, en 2015, avec une adaptation entre l’épique et l’intime, starring Michael Fassbender et Marion Cotillard. En reste un puits sans fin d’inspiration pour de nombreux créateurs et cinéastes : Joel Coen s’ajoute ainsi à la liste, respectant à la lettre près l’anglais atypique employé dans l’œuvre d’origine, mais pas que. Le réalisateur filme ici le théâtre comme rarement, bâti entre quatre murs, dans une esthétique quasi brutaliste, dépeignant la dualité maudite de ses personnages. Le bien et le mal mis au service d’un somptueux tableau blanc et noir. 

Tragedy of Macbeth

Ombre et lumière

Toute tragédie se doit d’une chute, une morale sans pitié. The Tragedy of Macbeth porte fièrement l’héritage de son genre, en mettant en scène un couple en pleine érosion, guetté par une vieillesse inéluctable. Ainsi, Denzel Washington (Macbeth) et Frances McDormand (Lady Macbeth) sont impeccables dans leurs rôles respectifs, suivis non loin d’un Brendan Gleeson (Duncan), Alex Hassell (Ross) et Corey Hawkins (le fameux Macduff), tous incarnés dans leurs personnages, dotés de dialogues « shakespeariens » au possible. 

Dans cette prise de pouvoir et cette folie, le couple se voit prédire un avenir contrasté par un trio de sorcières remarquablement interprété par Kathryn Hunter. Pas moins imprégnée de mystères et de mysticisme, la vision de Joel Coen ne se laisse pas totalement submerger par le dispositif du théâtre. Le cinéma prend aussi sa place, à travers de longs travellings, captivants, et une mise en scène chirurgicale, où chaque plan est millimétré, encadrant Macbeth comme une prison mentale. À nouveau accompagné du directeur de la photographie Bruno Delbonnel, Coen parvient à rendre son film limpide, où l’idée même du noir et blanc est tout sauf aseptisée et ne demeure pas qu’un simple parti pris esthétique.

La dualité règne, apportant la nuance, la passion et le tragique, vers une fin mythique. Peut-être, Joel Coen aurait pu se permettre quelques « folies » de cinéma ; il choisit le hors champ comme respect total à la pièce, en proposant une unique scène de combat, expéditive mais efficace, surtout essentielle au basculement vers le tragique. En somme, une proposition indéniablement audacieuse, qui aurait mérité son exploitation sur grand écran.

Bande-annonce

14 janvier 2022 (Apple TV) – De Joel Coen, avec Denzel WashingtonFrances McDormandAlex Hassell




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