MALIGNANT
Critique du film
Éloigné des franchises, James Wan revient dans le genre horrifique et souhaite se faire plaisir. Avec Malignant, il saisit l’opportunité de lâcher son âme de cinéaste et de cinéphile avec une histoire inédite. Un récit qui mêle possession, Saw, enquête policière, fétichisme et Giallo. Un ensemble qui aurait pu paraître satisfaisant, avec ce high-concept sur une femme rêvant de meurtres se déroulant au moment même, mais qui se trouve hanté par une direction chaotique.
Wan accumule les fétiches d’un cinéma qui l’a fait grandir en tant que cinéphile et cinéaste. Insistance sur l’arme du crime, musique pompière qui rappelle le célèbre thème de Saw composé par Charlie Clouser, et une variation des genres qui glisse entre le polar et l’horreur pure. Tout cela donne une âme à un film malheureusement possédé par un semblant d’amateurisme déconcertant. Trop simple durant ses 80 premières minutes, les dialogues sur-explicatifs s’enchaînent et provoquent l’ennui. Et ce n’est pas la pauvreté des effets de sursauts qui y change quelque chose, ni la psychologie de comptoir, à l’arrière-gout de kitsch, qui rappelle L’Amant Double de Ozon dans sa tentative d’imiter les thrillers psychologiques de De Palma.
Arrive alors la dernière partie du film. Sans en révéler davantage, on peut dire que le virage vers le body-horror gore agrippe le spectateur dans sa stupeur. Osant aller jusqu’au bout d’une idée, le film devient un morceau de bravoure gore auquel on ne s’attendait pas. À une période où l’épouvante devient « elevated » (à comprendre plus sophistiquée, et produite par A24), les effets de bricolages de Wan pour faire frémir son audience s’avèrent réjouissants.
Il aurait été plaisant de voir cela maintenu sur l’intégralité du film, rattrapé par les effets propres de Conjuring, mais il y a quelque chose de satisfaisant à voir un réalisateur aller au bout d’une idée, et cela malgré les nombreux reshoots demandés par la production. Inattendu dans son dernier tour, Malignant est un film mal-aimable qui mérite le coup d’oeil.
Bande-annonce
1er septembre 2021 – De James Wan, avec Annabelle Wallis