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LA MORT AUX TROUSSES

Roger Thornhill, un publiciste new-yorkais, est confondu, suite à un quiproquo, avec un certain George Kaplan par des hommes qui le kidnappent et tentent de se débarrasser de lui en faisant croire à un accident de la route. Thornhill échappe à la mort et veut faire la lumière sur la raison de cet enlèvement. Mais il va bientôt être poursuivi par  la police qui le considère responsable d’un meurtre commis au Siège des Nations Unies. Prenant la fuite dans un train pour Chicago, il fait alors la connaissance d’une séduisante jeune femme qui l’aide à échapper à la police.

Critique du film

Tourné en 1959, entre deux films assez sombres, Sueurs froides (« Vertigo » 1958) et Psychose (1960), La mort aux trousses est un film jubilatoire et juvénile.

Jubilatoire car la maestria de la mise en scène semble balayer tout net toute velléité de vraisemblance dans les péripéties vécues par le personnage principal, interprété par Cary Grant, et la manière dont il échappe à la mort. On croirait parfois lire une bande dessinée ou voir un de ces fameux serials qui inspira Steven Spielberg pour Les aventuriers de l’arche perdue.

Juvénile, à l’image de Cary Grant, qui malgré les 55 ans qu’il avait à l’époque, fait preuve d’une élégance et d’une prestance qui semblent éternelles. Avant le tournage, l’acteur songeait à prendre sa retraite… C’est sur l’insistance d‘Hitchcock que Cary Grant accepta de faire ce film. Au cours du tournage, il lui arriva d’ailleurs souvent de douter car il ne comprenait pas forcément les ressorts de l’intrigue ou les intentions de son metteur en scène. Juvénile, le film l’est aussi car il s’affranchit de l’obligation de vraisemblance mais aussi de certains clichés (la scène de l’attente avant l’apparition de l’avion va à l’encontre de ce à quoi on pouvait s’attendre, comme l’expliqua Hitchcock à Truffaut dans un livre d’entretiens resté célèbre).

L’humour est également très présent, dans les rapports que le héros entretient avec sa mère et à travers des scènes comme celle du poste de police où le héros est ivre, ou celle de la vente aux enchères, durant laquelle il cherche à tout prix à attirer l’attention, quitte à faire un esclandre, pour échapper à ses ennemis.

Double jeu

Contrairement à Fenêtre sur cour (« Rear window » 1954), qui était un film qui jouait sur l’enfermement, La mort aux trousses est un film qui joue sur l’espace, le mouvement. Le personnage de Roger Thornhill est poursuivi par la police et poursuit lui-même ceux qui l’ont agressé.  Le film comporte beaucoup de scènes avec de grands espaces, mais aussi beaucoup de lignes horizontales ou verticales. Le générique, réalisé par Saul Bass, représente d’ailleurs des lignes qui se croisent pour former la paroi d’un immeuble. Mais ces lignes ne se referment-elles pas sur le héros comme un événement inéluctable, un destin funeste ? Plusieurs plans utilisent d’ailleurs l’espace pour faire apparaître Cary Grant, malgré sa grande taille, comme un insecte pris au piège (le plan filmé du haut du siège des Nations Unies, la scène de l’avion dans les champs).

On retrouve dans ce film beaucoup de thèmes chers à Hitchcock : le faux coupable, la manipulation et le double jeu, la recherche de la vérité. On retrouve à certains moments, dans la relation ambigüe et tendue que Thornhill entretient avec celle qu’il aime, le personnage joué par Eva Marie Saint, les rapports entre Cary Grant et Ingrid Bergman des Enchaînés (« Notorious » (1946)) sauf que les rôles sont inversés. Ce n’est plus Cary Grant qui mène la danse mais lui qui est manipulé par une femme.

Pour beaucoup, La mort aux trousses fait partie des meilleurs films d’Hitchcock dont l’œuvre pléthorique compte plus de cinquante films et nombre de chefs d’œuvres. Certains passages du film sont devenus très vite des séquences cultes de l’histoire du cinéma : la scène où Cary Grant est poursuivi par un avion, celle du combat sur le Mont Rushmore ou le plan final du train pénétrant dans le tunnel pour n’en citer que les plus célèbres. Et son influence fut telle que beaucoup de films s’en inspirèrent ou lui rendirent hommage. (Transamerica express de Arthur Hiller, La mort aux enchères de Robert Benton (1982) ). 

Avec sa distribution (outre Cary Grant et Eva Marie Saint, il y a bien sûr l’inoubliable James Mason, mais aussi Martin Landau et Jessie Royce Landis, dans le rôle de la mère du héros), sa bande originale mémorable de Bernard Herrmann et la photographie de Robert Burks, La mort aux trousses est un film formellement proche de la perfection et dont la richesse thématique permet qu’on puisse le voir et le revoir avec toujours le même émerveillement.



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