Charles Denner et Jeanne Moreau

LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR

Le jour de son mariage, alors qu’elle sort à peine de l’église, Julie voit son mari assassiné sous ses yeux. Personne ne sait pourquoi l’homme était la cible de cette balle. La veuve va alors entreprendre un voyage pour se venger de ceux qui ont tué son mari. Elle tient une liste des cinq responsables, qu’elle compte éliminer un par un…

Critique du film

Un homme meurt assassiné sur les marches d’une église… Ça vous évoque quelque chose ? La mariée dresse une liste des tueurs pour venger son époux… Toujours pas ? Ils sont cinq ? Non ? Vous faites semblant de ne pas savoir. Un peu comme Quentin Tarantino quand il affirme qu’il n’a jamais vu le film. Parce que La Mariée était en noir, c’est Kill Bill. Ou plutôt, Kill Bill, c’est La mariée était en noir mais en jaune, où Uma Thurman remplace Jeanne Moreau.

Mais revenons à l’original, que Truffaut consacre entièrement à Jeanne Moreau, coupe au bol et sourcils froncés. L’actrice y est de presque tous les plans et pour cause, son personnage a une mission : la vengeance. De cinq hommes – c’est là la seule différence avec son vrai-faux remake américain – à la misogynie crasse, qui lui riront au nez avant de s’en mordre les doigts.

Dans un film dynamique, peu bavard et basé sur le suspens, Truffaut se la joue à l’anglaise, signe un clair et vibrant hommage à son maître Alfred Hitchcock. Pour la bande originale, le réalisateur français va jusqu’à emprunter à Hitch Bernard Herrmann. L’auteur de Twisted Nerve, que sifflote l’infirmière dans Kill Bill. Air que Tarantino a piqué dans la BO d’un film du même nom en VO : on y revient.

La mariée était en noir

La Mariée était en noir reste le premier film – mais aussi le plus remarquable – d’une des périodes créatives les plus intéressantes de François Truffaut. Les sept films produits par les Films du carrosse – sa société de production – et distribués par les Artistes Associés entre 1967 (La Mariée était en noir) et 1978 (La Chambre Verte) font à l’été 2022 l’objet d’une rétrospective.

Entre ces sept œuvres, on trouve de nombreux ponts. Sur la liste des victimes de la mariée par exemple, ce peintre joué par Charles Denner, qui préfigure à peu de choses près son personnage dans L’Homme qui aimait les femmes (1977). Ou dans le choix d’adapter La Sirène du Mississippi en 1969, un bouquin de William Irish, qui a également écrit le livre dont Truffaut tire La Mariée était en noir… Mais aussi le roman qu’adaptait Hitchcock pour Fenêtre sur cour en 1954, tiens. La fascination du réalisateur pour son actrice principale fait, enfin, tout à fait écho à celle qu’il développe pour Isabelle Adjani dans L’histoire d’Adèle H.

Bande-annonce

3 août 2022 – De François Truffaut, avec Jeanne Moreau, Michel Bouquet et Jean-Claude Brialy.




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