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JESSICA FOREVER

La fiche

Réalisé par Caroline Poggi et Jonathan Vinel  – Avec Aomi Muyock…
France – Fantastique – Sortie : 1er mai 2019 – Durée : 97 mn

Synopsis : Jessica est une reine mais elle pourrait aussi bien être un chevalier, une mère, une magicienne, une déesse ou une star. Jessica, c’est surtout celle qui a sauvé tous ces enfants perdus, ces garçons solitaires, orphelins et persécutés qui n’ont jamais connu l’amour et qui sont devenus des monstres. Ensemble, ils forment une famille et cherchent à créer un monde dans lequel ils auront le droit de rester vivants.

La critique du film

Depuis quelques années, on voit émerger en France une vague de cinéastes qui s’affranchissent des codes cinématographiques et proposent des films hors-normes, dont l’univers s’inspirent de contre-culture, du cinéma érotique et bis au jeu-vidéo. Une révolution silencieuse qui trouve peu à peu son chemin vers les salles, depuis le succès très récent des Garçons Sauvages de Bertrand Mandico. Un cinéma de(s) genre(s) comme scellé par un pacte dans l’anthologie de courts-métrages Ultra Rêve, dans lequel figure les noms de Jonathan Vinel et Caroline Poggi. Après plusieurs courts-métrages dont After School Night Fight, les deux réalisateur.ice.s reviennent avec un premier long-métrage intitulé Jessica Forever, et passé par la dernière Berlinale.

Jessica Forever conte l’errance d’un groupe d’hommes, les Orphelins, dirigé par l’étrange Jessica (magnétique Aomi Muyock) à la recherche d’un foyer pour vivre. Une famille recomposée, dans laquelle chacun cherche à combattre un irrépressible besoin de violence. Derrière les carapaces de muscles se dissimule une fragilité adolescente, que Jessica, figure maternelle mi-guérisseuse mi-guerrière cherche à éveiller. Le film s’affranchit des stéréotypes de genre pour fabriquer des personnages nimbés d’innocence en quête de paix. Le film installe un décalage entre l’image de ces   hommes virils, pourtant adeptes de sucreries et en proie à des rêves juvéniles. C’est l’histoire de monstres qui doivent réapprendre à vivre avec douceur.

Qu’on se le dise, Jessica Forever est un objet cinématographique si singulier qu’il ne plaira sans doute pas à tout le monde. Et en effet, le film puise ses nombreuses inspirations dans l’univers vidéoludique, particulièrement celui de Metal Gear Solid et lui insuffle un quotidien merveilleux. Un monde similaire au notre mais dans lequel s’opère un décalage étrange et poétique avec la réalité. Pas réellement apocalyptique, mais pas non plus dénué de vie humaine, le film se tient constamment sur un entre deux, temporel comme thématique.  Un réalisme magique qui s’incarne dans une esthétique un peu kitch et un jeu d’acteur anti-naturaliste, où chaque dialogue prononcé avec une voix quasi-blanche, apporte une douceur onirique à l’ensemble.

L’existence même d’un film comme Jessica Forever ressemble à un acte de bravoure. Film aussi étrange qu’imparfait, force est de constater que le cinéma français a encore de beaux jours devant lui avec des cinéastes comme Jonathan Vinel et Caroline Poggi. Et à tous ceux qui veulent encore se morfondre devant ce mensonge si tenace que le cinéma français n’a plus rien à offrir, Jessica Forever prouve que l’on peut encore faire un cinéma libre, audacieux et jeune, et que le meilleur est sans doute à venir.



La bande-annonce




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