FRANCISCA
Dans les années 1850, au Portugal, l’écrivain Camilo Castelo Branco et son ami José Augusto tombent amoureux des deux sœurs Owen. José Augusto est épris de Marie, mais c’est Fanny qu’il enlève une nuit.
Critique du film
Adaptation du roman d’Agustina Bessa-Luis, Fanny Owen, Francisca est le quatrième volet d’un ensemble de films réalisés par Manoel de Oliveira, la tétralogie des amours frustrés, entamée en 1972. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1981, le film avait déconcerté, voire parfois découragé une partie de la critique. Il faut préciser qu’on a ici affaire à un film très littéraire et statique, où l’histoire repose beaucoup sur les considérations philosophiques des personnages. D’une durée de deux heures et quarante-six minutes, le film pourrait effectivement en dérouter plus d’un.
Pourtant, pour peu qu’on accepte la lenteur de cette histoire, ainsi que sa préciosité, on ne manquera pas de se sentir happé par ce récit vertigineux qui vient envoûter le spectateur. Si on s’adapte au rythme de cette œuvre, on a alors droit à un film exigeant certes, paraissant austère, mais ne ressemblant à aucun autre. Ce film somptueux, étrange et pictural – par ses couleurs et la construction de ses plans – nous parle avec une élégance d’un autre âge, mais aussi un humour certain et une ambiance à la fois romanesque et vénéneuse, de la fin d’une classe sociale qui est amenée à disparaître.
Les deux personnages principaux parlent énormément : de ce qu’ils ressentent, de ce qu’ils pensent, de l’amitié et de l’amour, entre autres sujets. Ces scènes aux dialogues très fournis, comportant essentiellement des plans fixes se succèdent, avec parfois des moments franchement comiques ou décalés.
Film sur la frustration de l’amour contrarié et de l’étrange satisfaction un peu masochiste qu’on peut en tirer, Francisca offre un voyage singulier, hypnotique et lancinant. Une incursion dans un univers cinématographique hors normes.
