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DUEL À MONTE CARLO DEL NORTE

Slide, un cowboy solitaire armé de sa seule guitare, arrive dans la ville forestière de Sourdough Creek, gangrénée par la corruption. Le maire et son frère jumeau y sèment la terreur et se préparent à raser un petit village de pêcheurs pour ériger Monte-Carlo del Norte, un lotissement de luxe qui servira aux besoins du tournage d’un film hollywoodien. Prêts à tout pour s’enrichir, ils n’auront aucun scrupule à mettre en danger l’équilibre de la communauté et de l’environnement et à tuer quiconque s’opposera à leur projet. Lorsque Slide rencontre Delilah, c’est le coup de foudre. La jeune entraineuse du Lucky Buck Saloon aidera le nouvel arrivant à nettoyer la ville. Ils seront secondés par Hellbug, la bestiole géante des enfers. Bill Plympton, dont l’imagination n’est une fois de plus pas en reste, nous entraîne ainsi dans une lutte sans merci où tous les coups sont permis.

Critique du film

Bill Plympton souhaitait depuis longtemps réaliser une animation sur fond de country, genre musical qui a bercé son enfance. Il portait ce projet en lui depuis plusieurs années, mais la pandémie de Covid-19 et la fermeture des cinémas en ont retardé la concrétisation. En effet, la plupart de ses sources de revenus — master class et participations à des festivals — s’étaient taries pendant cette période. Il s’est alors consacré à des tournages publicitaires et à des clips musicaux avant de pouvoir relancer ce projet.

Critique virulente de la corruption et hommage au western, Duel à Monte Carlo del Norte renvoie aussi bien au film de Mel Brooks (Le Shérif est en prison) pour sa dimension politique, qu’à celui de Clint Eastwood (Pale Rider), avec son justicier solitaire venu d’on ne sait où pour rétablir la justice — même si, ici, les revolvers sont remplacés par une guitare.

L’animation de Bill Plympton, empreinte d’une grande noirceur — tant dans le trait que dans l’abondance de personnages négatifs et violents — délivre aussi un message d’espoir, à travers ses figures de justicier courageux et d’entraîneuse au grand cœur. Deux archétypes du western qui forment un duo solide, bientôt rejoints par Hellbug, créature des enfers honnie par des habitants bigots et assoiffés de haine.

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Duel à Monte Carlo del Norte se distingue des précédentes œuvres de Bill Plympton par l’utilisation de stylo encre sur papier et de crayons de couleur pour les séquences oniriques. Pour le reste, on retrouve tous les ingrédients propres à ses réalisations : imagination débordante, crudité assumée en matière de sexe, regard désenchanté sur le monde mais toujours porté par un souffle d’idéal et de révolte.

Ce nouveau long métrage s’impose ainsi comme une charge féroce contre une certaine Amérique qui ne voit que le profit, quel qu’en soit le prix humain et moral. Son pessimisme se trouve toutefois tempéré par un humour dévastateur, une musique country composée par Maureen McElheron et Hank Bones, et un esprit iconoclaste profondément salutaire.

Bande-annonce

5 novembre 2025 – De Bill Plympton


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