Alice photo 2 © Malavida

ALICE

Alice, très librement inspiré du célèbre livre de Lewis Carroll, conte une balade au pays des rêves, parfois teintée de cauchemars. Dans la chambre de la jeune fille à la chevelure blonde, un lapin blanc empaillé se réveille. Il casse la cage en verre et prend la fuite. Alice part à sa poursuite…

Critique du film

Alice, tourné en 1988, constitue le premier long-métrage de Jan Svankmajer, réalisateur tchèque né en 1934 et qui entama sa carrière de metteur-en-scène avec de nombreux courts-métrages dès 1964. Ancien élève de l’Ecole Supérieure des arts décoratifs, très marqué par le théâtre de marionnettes, cet artiste aux talents multiples a donné naissance à une œuvre unique, étrange, d’une créativité exceptionnelle. Mêlant souvent prises de vues réelles et animation – c’est ici le cas – Jan Svankmajer nous fait plonger dans son univers surréaliste, empreint d’inquiétante étrangeté, d’onirisme à tendance cauchemardesque et d’histoires à tiroirs.

Inspiré par le roman Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll – dont il faut au passage rappeler qu’il s’agissait à l’origine d’un livre destiné à un lectorat adulte et qu’il fit l’objet de réécritures -, le film de Jan Svankmajer fait probablement partie des adaptations, et elles sont nombreuses, les plus réussies et les plus folles. À partir d’un mélange d’influences diverses – la littérature romantique fantastique, la scénographie théâtrale et le mouvement surréaliste – le réalisateur livrait une vraie déflagration délirante, offrant plusieurs niveaux de lectures. Il faut bien sûr ici laisser au vestiaire son esprit trop cartésien, trop sage ou formaté, pour se laisser tout bonnement ensorceler par cette succession de scènes, où la magie de ce grand artiste opère en déployant un univers unique, parfois très effrayant, avec des tableaux saisissants et une inventivité de chaque instant. 

Pour Alice, qui mêle donc prises de vues réelles et animation, Jan Svankmajer fit appel à la technique du stop motion, très ancienne, mais aussi demandant un énorme travail de création et de temps de prises de vues. On réalise à la vision de ce long-métrage l’ampleur de la tâche effectuée pour donner lieu à ce torrent d’images qui n’offrent aucun répit aux spectateurs et qui ne laissent prise à aucun temps mort dans le déroulé de cette histoire. De même que jamais, on ne se lasse des différentes péripéties que connaît la jeune héroïne. On a ici une de ces pépites qui ne ressemble à rien d‘autre. Cette œuvre a parfaitement mérité le Grand prix du Festival D’Annecy qui lui a été décerné en 1989


Alice ressort en salles le 28 février, distribué par Malavida. Le film pourra être vu en version originale sous-titrée, mais sera également disponible, pour la première fois, en version française. Il s’agit d’une œuvre accessible aux enfants à partir de 8 ans, mais les adultes découvriront ou reverront avec au moins autant de plaisir ce joyau du cinéma tchèque. 

 




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