UNE PAGE APRÈS L’AUTRE
Cheng, un professeur de lycée, se replonge dans ses souvenirs d’enfance refoulés, au moment où il met la main sur une lettre de suicide anonyme abandonnée dans sa salle de classe. Il cherche alors à éviter qu’un autre drame ne se produise sous ses yeux.
Critique du film
Durant l’année scolaire 2015-2016, 20 élèves hongkongais se sont donné la mort. C’est à la suite de cette vague de suicides et en s’inspirant de l’histoire d’un de ses amis que Nick Cheuk a eu l’idée du sujet qu’il allait aborder pour son premier long-métrage. Une page après l’autre, il présente quelques symptômes de la détresse de cette jeunesse (les exigences académiques et la pression familiale qui l’accompagne), mais son objectif est davantage de raconter une histoire singulière et touchante que d’enquêter, grâce à la fiction, sur ce phénomène tragique.
Nous suivons M. Cheng, un professeur au collège qui replonge dans sa jeunesse tourmentée après avoir découvert qu’un de ses élèves a écrit une lettre de suicide. Mais la lettre est retrouvée dans une poubelle. Elle ne possède aucun signe permettant d’identifier son auteur. Alors que son établissement est tétanisé dans un attentisme paralysant, le directeur espère bêtement que la lettre n’est qu’un message recopié depuis Internet. L’impuissance et le sentiment de révolte de Cheng se replient sur son imaginaire, son intériorité. Dans une séquence, il imagine toutes les hypothétiques pensées sombres de ses élèves. Dans une autre, il se révolte contre son supérieur hiérarchique dans une courte rêverie.

Les flashbacks de l’enfance de Cheng vont s’imposer comme la temporalité principale du film, reléguant l’enquête et le présent en filigrane. S’ils lèvent le voile sur les raisons de l’affect de Cheng vis-à-vis de l’affaire, ils abandonnent le pauvre Vincent et ses camarades sur le quai. Ils seront rattrapés un peu facilement au terminus, mais il est trop tard : le film a changé de cibles, et nous aussi.
Cette plongée dans l’enfance n’est pas inintéressante à suivre, mais elle donne l’impression de construire une montagne de pathos simplement pour nous émouvoir— jusqu’aux larmes — via un twist renversant qui, bien que peu subtil, est correctement exécuté. Avec son image laiteuse (hélas un peu plate) et ses compositions de piano émouvantes, Nick Cheuk ne cache pas son désir de titiller les émotions du public et d’inscrire son premier long-métrage dans une veine du cinéma désormais plus rare dans les salles, mais encore présente sur les plateformes de streaming : le mélodrame. Il en résulte un film divertissant, mais un brin trop académique.
Bande-annonce
(à venir)
21 janvier 2026 – De Nick Cheuk






