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BILAN | Les meilleurs films d’août 2025

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS D’août 2025.

Le choix de François-Xavier Thuaud

Miroirs n°3

Christian Petzold a déjà visité la figure du double avec Phoenix, où la survie et la renaissance se confondaient. Dans Miroirs n°3, le cinéaste allemand s’intéresse davantage à faire revivre un espace vide comblé par accident et par miracle. Le motif de la réparation (des coeurs comme des objets) côtoie celui de la disparition (passer sous les radars, brouiller les GPS). Avec une remarquable économie de moyens, le cinéaste invite le spectateur à comprendre les consolations harmonieuses de Laura et Betty cependant que le minutieux travail sur le son ne cesse de rappeler les périls des chimères partagées. Il y a quelque chose de sourd au pays des deuils calfeutrés. Petzold ne cesse de raffiner un cinéma sur lequel nous aiguisons des regards amplis de gratitude.

Le choix de Fabien Genestier

Le mois de juillet avait déjà offert son lot de frissons avec Substitution – Bring Her Back, film d’horreur très maîtrisé mais pour public  averti avec sa tension permanente, sa violence autant psychologique que physique et ses séquences gores qui finissaient par être difficilement soutenables. Le mois d’août permettra à tout le monde d’avoir sa petite dose de sensations avec Evanouis, film d’horreur cette fois-ci plus divertissant, parfaitement adapté à la période estivale. Avec un postulat de départ pour le moins intrigant (les enfants d’une classe disparaissent tous, sauf un, au même moment au milieu d’une nuit), le film arrive à tenir son public en haleine tout en assumant un mélange parfaitement dosé d’humour et d’horreur.

Le choix de Théo Karbowski

Escape from the 21st century

Deux années, 1999 et 2019, un éternuement et une course contre la longévité, il n’en faut pas beaucoup plus à Escape from the 21st Century pour embarquer le spectateur dans un voyage temporel bourré d’adrénaline. Ode à la l’inventivité constante, le long-métrage de Li Yang vient définitivement confirmer la variété du cinéma chinois contemporain. En moins de deux heures, le film parvient à jouer sur tous les tableaux, l’émotion sincère de la jeunesse laisse place à une maturité plus digeste, prête à se sacrifier pour ce qui a de l’importance, tandis que l’action effrénée n’arrête jamais d’aller dans la surenchère, pour le meilleur et le grandiose. En jouant sur deux temporalités, Escape from the 21st Century montre bien qu’il ne croit jamais en la linéarité. Le film change de style, de format d’écran mais aussi de photographie et de rythme, rien n’est gravé dans le marbre comme si chaque choix de mise en scène pouvait influer le reste de l’œuvre. Ne reste qu’une promesse faite dès le début : celle de la séparation avec ce moment spectaculaire, quand sonnera sur fond de soleil levant, le terrible glas de l’inéluctable générique final.

Le choix de TP

Avec Valeur sentimentale, Joachim Trier signe sans doute son film le plus intime et universel à la fois : porté par un Stellan Skarsgård bouleversant en cinéaste vieillissant et une Renate Reinsve d’une intensité toujours aussi magnétique, ce récit de retrouvailles familiales devient une méditation sur l’art, la mémoire et le pardon. Entre mélodrame pudique et comédie méta, le réalisateur de Julie (en 12 chapitres) explore avec une justesse rare les silences, rancunes et élans d’amour qui traversent les liens du sang, tout en réfléchissant à la manière dont le cinéma peut à la fois rouvrir les blessures et tenter de les réparer. Filmé dans une lumière automnale qui en épouse la mélancolie, Valeur sentimentale touche par sa délicatesse et sa profondeur, confirmant Trier comme l’un des grands auteurs du cinéma contemporain.