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LES ARCS 2021 | Palmarès de la 13e édition

Ce vendredi 17 Décembre a eu lieu la cérémonie de clôture de la 13ème édition du Les Arcs Film Festival. L’occasion de découvrir le palmarès de cette année et les films plébiscités par les Jurys.

Le Jury long métrage, présidé par le réalisateur Michel Hazanavicius, accompagné de la chanteuse Camille, d’Eric Judor, de Laetitia Dosch, de Tania de Montaigne et de Sidse Babett Knudsen, a décidé de remettre La Flèche de Cristal au film 107 Mothers de Peter Kerekes. Cette co-production de Slovaquie, de République Tchèque et d’Ukraine nous décrit le quotidien difficile de Lesya, emprisonnée pour un crime passionnel et qui donne naissance à son  premier enfant dans un centre pénitentiaire pour femmes d’Odessa. On suit son cheminement, ses craintes que son enfant ne lui soit retiré pour être placé en orphelinat, ses demandes de recours et sa douloureuse confrontation avec sa belle-mère – Lesya a tué son propre mari. L’approche de ce long-métrage est proche du documentaire, tant par l’aspect clinique et sobre de la mise en scène que par le jeu des actrices, criant de vérité. On ne voit pour ainsi dire aucun homme dans ce film. Juste des femmes emprisonnées, leurs gardiennes et leurs visiteuses. Rien de larmoyant ou d’excessivement sombre, malgré la douleur de ces femmes et les enjeux relatés. Mais, au contraire, une émotion qui prend place petit à petit, par l’attention que ces femmes portent à leurs enfants et le combat qu’elles doivent mener quotidiennement. Le personnage de la gardienne de prison, particulièrement touchant qui s’attache à un petit, dont on devine le désir d’enfant inassouvi, émeut beaucoup. Un prix mérité et dont on espère qu’il fera beaucoup pour la réussite future de cette œuvre moins austère qu’il n’y paraît. La date de sortie en France n’est pas encore connue. 

Le Grand Prix du Jury a été décerné à La Fuite du capitaine Volkonogov de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov, film russe qui retrace l’aventure étrange d’un agent des forces de l’ordre de l’U.R.S.S. de 1938. Cet agent spécial, aguerri et habitué aux techniques d’interrogatoires musclés, se rend compte que ses camarades font l’objet d’arrestations arbitraires et que lui-même est très certainement visé et risque de connaître le même sort. Il décide alors de s’enfuir. Avec une très belle et singulière reconstitution de cette époque – certains détails, comme les uniformes ou le quotidien et l’entraînement de ces hommes tirent le film vers le burlesque, et on ne sait si cette reconstitution ne tient pas plus du fantasme que de la réalité – le film ose une touche de fantastique. Retrouvant l’un de ses camarades exécutés, devenu une sorte de mort-vivant, le jeune héros en fuite apprend qu’il est condamné à l’enfer éternel et doit trouver parmi les proches de ses anciennes victimes – il a contribué à extorquer des aveux par la force et à faire condamner des innocents – au moins une personne acceptant de l’absoudre de ses fautes. Ce qui lui permettrait d’échapper à la damnation. Cette deuxième partie du film convainc peut-être moins que la première, consacrée à la description du quotidien de ces hommes qui ne sont que des pions au service d’une machine totalitaire. Le film a néanmoins le mérite d’être original et d’être plastiquement réussi. 

Laure Calamy

Le Prix d’interprétation couronne deux magnifiques prestations. Celle de Laure Calamy dans A plein temps d’Eric Gravel, pour son rôle de femme élevant seule ses deux enfants et désirant changer de métier. Un rôle tout en nuances et avec lequel on mesure bien le chemin parcouru par cette comédienne devenue indispensable dans le paysage cinématographique français, grâce à une palette de jeu très riche, mais aussi grâce aux choix de ses rôles qu’on pourrait qualifier de parcours sans faute. L’autre comédienne récompensée est Swamy Rotolo pour A Chiara de Jonas Carpigano. Cette formidable jeune femme, dont c’est le premier rôle, est une vraie révélation par sa sensibilité, son jeu intense et naturel. On ressent à la vision de son  interprétation ce qu’on avait pu ressentir en découvrant Sandrine Bpnnaire dans A nos amours ou Hafsia Herzi dans la Graine et le mulet : une future très grande actrice, au potentiel rare. 

 

Autres prix : 

Prix de la meilleure musique originale : Alex Branowski pour True things de Harry Wootliff.

Prix de la meilleure photographie : Il Buco de Renato Berta

Prix du Jury Presse : A Chiara de Jonas Carpigano

Prix du Jury Jeune : Hive de Blerta Basholli

Prix du Public : Hive de Blerta Basholli

Prix Cineuropa : A plein temps d’Eric Gravel 

Prix du Meilleur Court-Métrage : Sprötch de Xavier Seron

Mention Spéciale du Jury Court-Métrage : Granny’s sexual life de Urska Djukic et Emilie Pigeard

La sélection des longs-métrages en compétition, qui comptait dix films, voit donc sept d’entre eux récompensés, dont certains repartent avec deux trophées – A plein temps et Hive. Les trois films non récompensés, Brighton 4th de Legan Koguashvili, La Mif de Fred Baillif et Murina d’Antoneta Alamat Kusijanovic possédaient eux aussi de belles qualités. La sélection, très qualitative, marquée par des films à la tonalité assez pessimiste, a fait de cette 13ème édition un moment fort et prometteur pour l’avenir de ce festival très riche (hormis les œuvres en compétition, on pouvait voir ou revoir environ 120 films). 


Crédits photo du jury : Alexandra Fleurantin / Olivier Monge



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