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ELIZABETH OLSEN | Entretien

Honorée du prix Nouvel Hollywood à l’occasion du 41e Festival de Deauville, nous avons pu rencontrer la comédienne Elizabeth Olsen pour un entretien à quelques heures de ce titre remis aux acteurs montants de la nouvelle génération. La jeune actrice a pris le temps de répondre à nos questions, avec beaucoup de sincérité et d’humilité… 

Vous vous êtes révélée avec le mémorable Martha Marcy May Marlene, un rôle emblématique déclenchant un instantané « A star is born ».  Quel regard portez-vous sur celui-ci, avec quelques années de recul ?  

Elizabeth Olsen : Je ressens beaucoup de gratitude. Ce n’était que mon second film. Ils auraient pu choisir une actrice plus connue, que le public connaissait davantage. Je suis très reconnaissante vis à vis de Sean (Durkin, le réalisateur – ndlr). Je me suis lancé dans cette aventure avec beaucoup de naïveté. Je sortais d’études théâtrales, je ne connaissais guère l’industrie du film. Ce fut un véritable tourbillon pour moi, j’ai emmagasiné beaucoup d’expérience d’un coup. Bien sûr, depuis, j’ai pu en acquérir beaucoup plus… (Elle rit) Mais je reste reconnaissante car cela m’a permis d’avoir un premier rôle marquant. Après celui-ci, j’ai enchaîné avec quelques rôles vraiment intéressants mais qui n’ont pas toujours été remarqués. Ils n’ont pas été reçus de la même façon. Ce n’est pas grave, je ne ressens pas de frustration. Un ami acteur m’a dit que l’on décroche un vrai grand rôle qu’une fois tous les cinq ans… Et cela fait désormais cinq ans depuis Martha Marcy May Marlene, donc… (Elle croise les doigts et elle éclate de rire)

Jennifer Lawrence n’est plus une étoile montante, c’est une grande star et une pu*ain d’actrice !

Ce soir, vous recevez le prix du Nouvel Hollywood qui célèbre vos débuts prometteurs. Comment choisissez-vous vos rôles jusqu’à présent ? 

E. O. : Cela dépend. Mes critères pour choisir un rôle ont régulièrement changé au fil des années. Après Martha, je choisissais les rôles pour le personnage que j’avais à interpréter. Il fallait qu’ils soient différents de ce que j’avais pu jouer. Je ne voulais pas m’enfermer dans un type de rôles. C’était l’objectif… Je ne faisais pas vraiment attention à qui le réalisait, à qui le produisait ou même au studio. Depuis, j’ai pris un peu de recul et j’ai réalisé qu’il y avait tout de mêmes des éléments importants. À ce moment-là, j’étais surtout très heureuse d’avoir du boulot et butiner d’un personnage à l’autre.

Désormais, avant d’accepter un rôle, j’ai besoin de cocher plusieurs critères, en considérant ce qui se passera de l’opportunité qui se présente au produit fini que cela donnera. Dernièrement, après Godzilla et Avengers, j’ai pu tourner I saw the light, que je présenterai vendredi prochain à Toronto. Avec ce film, j’avais tout : un scénario fabuleux, un réalisateur avec qui j’ai tissé une vraie relation et qui m’a beaucoup soutenue, un casting formidable et des producteurs à l’écoute. Le film a rempli tous mes critères ! C’est ainsi que je considère désormais mes rôles. J’aimerais faire beaucoup de choses, je suis en attente sur certains projets mais cela devrait se décanter après la période des festivals, où peu de choses se décident. J’espère que certains de mes souhaits se concrétiseront.

Vous êtes celle qui reçoit le prix du Nouvel Hollywood… Mais si vous deviez le remettre à un jeune acteur ou une jeune actrice, à qui le décerneriez-vous ?  

E. O. : Il y en a tellement. Des acteurs que j’admire ou avec qui j’ai pu travailler. Mia Wasikowska, par exemple. C’est étrange de dire cela car certains auxquels je pense tournent depuis plus longtemps que moi. J’ai beaucoup de respect pour eux… Imogen Poots, Juno Temple… Bien sûr, je pourrais aussi citer Jennifer Lawrence mais ce n’est même plus une étoile montante, c’est une grande star et une p**ain d’actrice !

Qui d’autre ? Alicia Vikander, également. Toutes ces filles sont fabuleuses ! 

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Pouvez-vous nous parler de Thérèse Raquin (toujours inédit en France) que vous avez tourné il y a deux ans déjà ? Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour ce rôle-là ? Un goût pour la littérature française, peut-être ?

E. O. : Bien sûr, pour la littérature ! Et pour cette histoire. C’était le premier film que faisait Charlie (le réalisateur – ndlr). Il avait bossé pendant presque dix ans sur le scénario. Il est passé par plusieurs phases lors de cette période. Et forcément, j’étais très enthousiaste à l’idée de jouer ce rôle. De plus, j’ai pu donner la réplique à Jessica Lange et Oscar Isaac. C’était génial ! Ce fut une très belle expérience, nous formions une belle troupe, avec également Tom Felton, Mackenzie Crooke, Shirley Henderson…

Je ne sais pas si au final cela a donné un grand film mais nous nous sommes énormément impliqués dedans et j’ai également beaucoup appris aux côtés d’un comédien comme Oscar Isaac.

Depuis le film Marvel, tout ce qui touche de près ou de loin à de l’action ne m’intéresse plus.

Deux films dans lesquels vous jouez devraient sortir prochainement… Êtes-vous impliquée dans d’autres projets à l’heure actuelle ?

E. O. :  J’aimerais beaucoup ! (Elle sourit). Je refuse beaucoup de choses ces derniers temps car je veux faire des choix intelligents. Les propositions que j’ai déclinées ne me semblaient pas être judicieuses.

Depuis le film Marvel, tout ce qui touche de près ou de loin à de l’action ne m’intéresse plus. J’ai déjà passé beaucoup de temps là-dessus, et je devrais même y retourner à l’automne prochain (pour Captain America 3 – ndlr), donc je me tiens désormais éloignée de ce genre-là et préfère me focaliser sur des projets avec de forts personnages, où une intimité se créé et où une complicité peut jaillir avec les créateurs.

Il y a plusieurs projets pour lesquels je croise les doigts pour qu’ils se fassent… J’en saurais probablement beaucoup plus dans les prochains mois.

Vous avez évoqué I saw the light, pourriez-vous nous raconter cette expérience ? Vous avez du pousser la chansonnette pour l’occasion…  

E. O. : En effet ! Audrey Mae Williams (son personnage – ndlr) était une chanteuse épouvantable ! Mais elle désirait tellement devenir chanteuse qu’elle a composé ce duo avec Hank Williams. Elle était aussi une sacrée femme d’affaires, une femme incroyable, très en avance sur son temps, mais aussi assez impopulaire. Elle n’était pas vraiment aimée, même par sa propre fille.

J’ai ressenti le besoin d’y aller et de faire preuve d’énormément de compassion, afin de la défendre. C’était chouette car j’ai pu visiter une exposition sur Hank Williams avec des tonnes de photos inédites, des coupures de journaux dans lesquelles on voyait qu’elle avait surligné quand une des chansons de Hank figurait dans le TOP 10 des chansons de la semaine… Même après leur divorce, elle lui est restée très dévouée. J’ai également pu entendre sa voix, par le biais d’enregistrements radio… Sa diction, son élocution. Ce fut très enrichissant.

Et derrière le côté spectaculaire de la country se cachait une véritable noirceur. C’était intéressant de mettre en lumière l’un des pionniers du genre. Il est mort à seulement 29 ans et pourtant Hank Williams fut sûrement aussi phénoménal qu’Elvis Presley… 

Le film d’action, le thriller, la comédie romantique, le biopic… Vous avez déjà un peu touché à différents genres cinématographiques. Avez-vous envie de vous frotter à d’autres genres ? Comme une comédie musicale, par exemple… 

E. O. : J’adorerais ça ! Ce serait tellement drôle. J’ai l’impression d’avoir fait ça toute mon enfance. Mes cours de ballet pourraient m’être utiles…  

J’aime les films qui nous offrent une possibilité d’abstraction. J’aimerais beaucoup travailler avec des gens comme P. T. Anderson, Spike Jonze, Charlie Kaufman… Ce serait le rêve. Ou quelqu’un comme Yorgos Lanthimos, qui a réalisé The Lobster. Ce fut d’ailleurs un énorme dilemme pour moi. J’étais engagée sur Avengers 2 et je n’ai pas pu donner suite, alors que je sentais qu’il y avait là quelque chose de fort. C’est vraiment dommage… C’est sûrement mon plus gros regret.

Aimeriez-vous passer derrière la caméra ou produire des films ?

E. O. : Réaliser, non. Je ne sais rien de ce métier. Ce serait catastrophique. En revanche, j’aimerais beaucoup m’impliquer davantage dans la production, dans des projets qui me tiennent à coeur. J’aimerais pouvoir proposer un regard, donner un point de vue sur l’écriture, le montage… Ce genre de choses. Sur I saw the light, Abraham (le réalisateur) et Marc (le producteur), j’ai été régulièrement consultée car ils tenaient à avoir mon avis et j’ai trouvé cela très gratifiant. Faire confiance à son instinct. 

Propos recueillis et édités par Thomas Périllon pour Le Bleu du Miroir
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Entretien réalisé le 9 Septembre à Deauville, en table ronde.
Remerciements : Youmaly Ba, LPSC, Le Kiehls Club, We love girls (photo)



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