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THE POWER

Londres, 1974. Alors que le Royaume-Uni se prépare à d’importantes coupures d’électricité, Val une infirmière débutante arrive pour son premier jour au sein de l’équipe de nuit d’un hôpital délabré. La majorité des patients et du personnel ayant été évacués vers un autre hôpital, elle se retrouve presque seule dans ce bâtiment lugubre. Mais derrière ses murs se cache un lourd secret qui va contraindre Val à affronter ses peurs les plus profondes et à se confronter à une force maléfique.

Critique du film

Quelle étrange coïncidence, lorsque l’on se rend compte que la traduction française du nom de la cinéaste Corinna Faith – « Foi » en anglais – fait écho à l’un des thèmes principaux de son tout premier long-métrage. La foi envers une puissance spirituelle, la foi envers autrui. Avec The Power, Faith signe un « petit » film (niveau budget) à l’ambition pour autant à saluer : rendre justice à celles qui sont restées trop longtemps muselées face à la prédominance systémique. La réalisatrice en fait le terreau de son film d’angoisse, qui outre quelques sursauts, fait davantage frissonner grâce (ou à cause ?) de son sujet de fond. 

Le film, qui nous propulse en plein 1974, où explosent les tensions entre les syndicats et le gouvernement, ne nous met pas le nez à l’extérieur. Non, il préfère nous enfermer, dès le début, dans cet inquiétant hôpital psychiatrique, beaucoup trop grand, où une pauvre infirmière va devoir passer la nuit. Le hic : le bâtiment s’apprête à être plongé dans le noir, conséquence du « black-out » orchestré par l’État, un peu comme un couvre-feu d’électricité. Une nuit en enfer, pour de vrai. De là, Corinna Faith s’amuse avec sa caméra : elle filme l’infirmière Val, interprétée avec talent par Rose Williams, déambuler dans les couloirs sinistres, en quête d’une source de lumière.

The Power réussit le pari de ne pas tomber dans la surenchère d’effets visuels, mais parvient tout de même à tomber dans une certaine facilité sonore, enchaînant les quelques jump scares qui n’auraient pas autant d’impact si le son n’était pas aussi fort. Passé cet aspect un peu classique du cinéma d’horreur contemporain, qui, d’un point de vue purement formel, n’apporte pas grand chose de neuf, on se prend néanmoins au jeu, en suivant avec attention les mésaventures de l’infirmière en détresse. 

The Power est en effet porté par un ensemble de symboles forts et plutôt bien trouvés. On pense notamment à l’existence omniprésente du signe de la croix, à l’endroit, comme à l’envers (et pour le coup, ce n’est pas bon signe du tout), dans un reflet de lumières au coucher du soleil ou dans les grilles des portes de l’hôpital. Son aura et sa présence délibérée ou non (il en relève de l’interprétation du spectateur) imprègne la rétine. Rappelons que le film se déroule à une époque où le surnaturel est directement relié à la croyance, au Malin… Mais Corinna Faith apporte ici un souffle de modernité, peut-être un peu facile, mais toujours recevable. Sans trop en dire, le film s’amuse à brouiller les pistes sur la véritable nature de l’antagoniste. Quoiqu’il arrive, il est partout, caché dans l’ombre. Certainement pas.

Bande-annonce

16 février 2022 – De Corinna Faith, avec Rose WilliamsEmma RigbyCharlie Carrick




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