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MODEL SHOP

George est sur le point de partir au service militaire. Auparavant, il veut sauvegarder son seul bien, une voiture de sport. Pour cela il doit trouver cent dollars. En poursuivant l’argent, il rencontre Lola, jeune Francaise qui survit en faisant des photos sexy.

24 heures dans la vie d’un homme.

Film américain au milieu de la filmographie de Jacques Demy, il règne tout le long de Model Shop un parfum doux-amer. Celui d’un pays en pleine mutation, qui subit les derniers mois d’une terrible guerre – celle du Vietnam – également traitée dans Platoon et Taxi Driver. Malgré cela, George (Gary Lockwood, vu dans 2001 l’Odyssée de l’Espace) incarne cette nouvelle génération qui ne rêve que de paix, qui craint la mort. Anouk Aimée, fantasme venue tout droit de Lola de Jacques Demy (elle reprend ici le même rôle que dans ce dernier), offre un aspect onirique à Model Shop.

Derrière l’apparente inexpressivité de George se cache un homme aux grandes aspirations. À travers ce personnage, Jacques Demy fait le choix de ne rien dire, simplement de montrer. Les longs silences qui parcourent Model Shop en font un film qui se ressent, émotionnel, avec une puissance qui monte crescendo. Une énorme empathie se dégage de cet homme dont les dernières 24 heures seront décisives pour son futur. Jacques Demy brise ici le rêve américain : de la nécessité d’obtenir 100 malheureux dollars en 24h sous peine de voir ses biens saisis au métier exercé par Lola, tout juste débarquée aux USA. Celle d’un modèle dans un établissement où les hommes se bousculent pour capturer sur pellicule l’image de femmes en manque d’argent. De belles créatures posant sans intérêt pour des photographes amateurs qui n’ont que faire de l’amour de l’art.

Pourtant, George se démarque des autres hommes. Cigarette au bec, prendre des photos de Lola ne l’intéresse guère. Il ne souhaite que découvrir cette femme qui l’a envoûté lors de cette journée si spéciale. Journée qui enchaîne malheurs et déconvenues et dont Lola représente une sorte d’espoir onirique. George craint d’être appelé pour combattre au Vietnam et la promesse d’un grand amour, celui qu’on ne vit qu’une fois, lui permet de continuer de vivre. Un amour que George, toujours inexpressif, ne souhaite pas exprimer par les mots mais fait ressentir à travers ses gestes. Lola, elle, semble être dans une direction diamétralement opposée. Tandis que notre héros ne souhaite que le repos et la paix, l’objet de son désir opte pour le mouvement, le changement. Au fil de ces 24 heures d’espoirs brisés, Jacques Demy décide de conclure brutalement son film avec le même ressenti doux-amer qui le parcourait tout le long. La sensation laissée par cette conclusion ? Celle d’un poignard planté en plein coeur, d’une douce brutalité comme Demy sait si bien le faire. Le tout est accompagné par une BO composée par Spirit transpirant les 70. L’occasion de marquer le film dans son époque mais aussi lui offrir un charme rétro.

Model Shop est sans doute l’un des films les plus mésestimés du réalisateur. Jacques Demy balaie d’un revers de la main cet American Dream si populaire et pourtant tellement biaisé. Dans un pays obsédé par la guerre et enrôlant ses jeunes hommes pour mourir au front, pour l’amour du drapeau, George représente l’espoir de vivre. Lola son moteur.

La fiche

MODEL SHOP
Réalisé par Jacques Demy
Avec Anouk Aimée, Gary Lockwood, Alexandra Hay…
France, Etats-Unis – Comédie dramatique
Sortie : 14 mai 1969
Durée : 97
 min




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