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LUPIN III : THE FIRST

Le cultissime «gentleman cambrioleur» Lupin III revient dans une aventure effrénée, pour la première fois au cinéma en France, pour marquer son grand retour au pays de son illustre grand-père ! Il s’associe à la jeune Laëtitia pour faire main basse sur le journal de Bresson, un trésor que même Arsène Lupin n’a jamais réussi à dérober. Alors que Lupin III et ses compagnons se démènent pour dénouer les secrets du fameux journal, ils doivent faire face à une sombre cabale poursuivant d’horribles desseins. 

Critique du film

Arsène Lupin est, depuis plus d’un siècle maintenant, un des héros de fiction les plus connus en France et à l’étranger. L’équivalent de Sherlock Holmes en quelque sorte (invité d’ailleurs dans l’œuvre de Leblanc), avec son culte – la “lupinologie” – et son univers foisonnant qui croque la société mondaine française d’avant et après-guerre. En 1967, un jeune dessinateur appelé Monkey Punch (de son vrai nom Kazuhiko Katō) dessine l’histoire du petit-fils d’Arsène Lupin ; immédiatement, le personnage connaît un succès fulgurant et la série devint saga, avec moults adaptations télévisuelles, cinématographiques ou vidéoludiques et des pointures pour les diriger ou reprendre l’univers du personnage – le duo Miyazaki-Takahata dans les années 70, Seijun Suzuki dans les années 80, Mamoru Oshii (pour un projet annulé) ou encore Atlus qui reprend le mythe Lupin pour son Persona 5. Que du beau monde sur les cinquante années de vie du petit-fils d’Arsène Lupin qui n’allait pas en rester là.

Lupin III : The First est un événement sur deux aspects. Premier film de la licence à sortir au cinéma en France et le premier de la saga en images de synthèse 3D. Sur le premier point, il faut remercier Eurozoom, qui permet de faire revenir le mythe Lupin au cinéma, quinze ans après sa dernière apparition (sous les traits de Romain Duris). Sur le second, la curiosité et une pointe d’inquiétude se mélangeaient : si la technologie est clairement prometteuse et peut apporter une vraie plus-value par rapport à l’animation 2D, les précédentes tentatives japonaises du type étaient assez inégales – les saccades sur Ajin: Demi-Human sont restés dans les mémoires – et semblaient nécessiter des moyens financiers et un temps de conception pas toujours accessibles pour les studios. Heureusement, Marza Animation (qui a bossé sur les CGI) et TMS (qui s’occupe traditionnellement de la saga Lupin III et qui est aussi derrière un petit film nommé Akira) ont bien pris le temps pour soigner le rendu visuel du film et rendre la copie la plus propre et plaisante à suivre.

Gentlemen cambrioleurs

Car Lupin III : The First est une réussite visuelle. Passées les premières minutes où l’œil doit s’habituer aux textures et à l’animation forcément différente des personnages, le spectateur ne peut que constater la fluidité de l’action, la qualité des expressions faciales et la bonne tenue des décors intérieurs et extérieurs. Aidée par un scénario qui enfile les situations comme les perles d’un collier bon pour être volé, l’animation offre un écrin de grande qualité à son héros, orphelin de son créateur (décédé en avril 2019) qui avait pu suivre une partie du développement dont le résultat final lui rend clairement un bel hommage.

Si le scénario aide l’animation, c’est parce qu’il est plutôt bien écrit. Le film est pensé pour être un film d’aventure familial et il parvient à donner le change avec un ton qui oscille entre l’humour absurde et peu idiot qui fait souvent mouche (mention spéciale à l’inspecteur Zenigata et à ses sbires) et des scènes d’action (le plus souvent) lisibles. Le casting vocal est impeccable en VO* et rend immédiatement sympathique tous les personnages, même si certains sont peut-être trop en retrait – en premier lieu Laetitia, un peu trop dans l’ombre de Lupin.

Hélas, tout n’est pas parfait dans le monde des gentlemen cambrioleurs. Le plus gros reproche que l’on peut faire à ce Lupin III : son écriture reste stéréotypé et trop verbeuse (faut-il vraiment expliquer tous les ressorts du scénario ?) et surtout sa trame narrative est beaucoup trop calquée sur le troisième Indiana Jones. Passe encore l’opposition avec des nazis ayant survécu à la chute d’Hitler (d’ailleurs, le film s’en amuse presque comme le ferait un OSS 117), mais la séquence des énigmes peut presque s’apparenter à du plagiat tant elle colle parfaitement à celle de La Dernière Croisade. Un choix difficile à comprendre, car il occulte de fait toute la réflexion autour de l’héritage du premier Arsène Lupin envers son descendant qui aurait dû occuper plus de place dans l’intrigue, en plus de plomber le rythme du film pendant une bonne dizaine de minutes.

Un accroc majeur qui prive Lupin III: The First d’être un très bon film, voire plus. Cependant, si tant est que l’on puisse passer outre ce type de défaut, il reste un très sympathique divertissement. Arsène Lupin peut donc être satisfait : sa descendance a été chouchoutée et peut arriver en France enfin affublée de son vrai nom, la tête haute et le sourire charmeur. En ces temps compliqués, il apporte une petite bouffée d’air frais bienvenue.

Bande-annonce

7 octobre 2020De Takashi Yamazaki


*Le film a été vu en VOST. Par conséquent, il nous est impossible de donner notre avis sur le doublage français.



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