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ÇA TOURNE À SAINT-PIERRE ET MIQUELON

Céline, actrice renommée, est engagée par un célèbre réalisateur, Milan Zodowski, pour partir tourner à Saint-Pierre et Miquelon dans un film dont elle ne connaît quasiment rien. Quand elle arrive sur place, il n’y a pour toute équipe qu’un ingénieur du son et une régisseuse et Milan refuse obstinément de sortir du cabanon où il s’est enfermé pour « créer ». Le grand « menteur en scène », adepte du cinéma vérité, fera-t-il tourner Céline ou l’a-t-il fait venir sur l’archipel pour tout autre chose ?

Critique du film

Second long métrage de Christian Monnier qu’il a co-écrit avec l’actrice et réalisatrice Sheila O’Connor, Ça tourne à Saint-Pierre-et-Miquelon évoque au premier abord, par son titre, le film de Tom DiCillo de 1995, Ça tourne à Manhattan. Ici aussi, on a affaire à un projet de film qui va vite partir en vrille, ou en tout cas qui va prendre un chemin inattendu, et ce sont souvent les plus intéressants. Christian Monnier est un homme dont la vie a été marquée par les voyages. C’est lors d’un tournage de court-métrage – Jenna – qu’il a fait connaissance avec Saint-Pierre-et-Miquelon, situé dans l’Océan Atlantique et offrant des paysages exceptionnels. 

Le film a été réalisé avec peu de moyens et porté par l’enthousiasme de son équipe, motivée par l’envie de réaliser une comédie assez atypique dans le paysage français, refusant d’une part la vulgarité et ne jouant pas non plus la carte du film faussement auteurisant ou nombriliste. Ça tourne à Saint-Pierre-et-Miquelon se moque gentiment au contraire de cette propension à se prendre au sérieux, des réseaux sociaux et de la fausse gloire, de la quête de célébrité et des médias, aussi prompts à s’enflammer qu’à rejeter celui ou celle qui a chuté. 

On notera une belle distribution avec, dans le rôle principal, Céline Mauge qui s’amuse à jouer son propre rôle et décline un personnage tour à tour insupportable, attachant ou pathétique. Mais on prend également plaisir à retrouver Patrick Bouchitey, toujours excellent dans l’autodérision, dans un rôle de vieux beau. Claire Nadeau, quant à elle, offre une composition de thérapeute atypique et qui semble avoir plus besoin de sa patiente que cette dernière n’a besoin d’elle. Jules Sitruk dessine un personnage intéressant d’ingénieur du son écolo et on regrettera juste de ne pas voir plus Philippe Rebbot. Les superbes paysages de Saint-Pierre-et-Miquelon, eux, se trouvent magnifiés par une superbe photographie et l’utilisation d’un format d’image large. On sent tout l’amour que le réalisateur a pour cette collectivité d’outre mer, à la fois France et territoire lointain pour les métropolitains. Il s’agit d’un beau dépaysement dans cet archipel français, peu montré au cinéma.

Avec une bande son entrainante, qui prend parfois des couleurs locales et des qualités d’écriture certaines, ce film original, tendre, décalé, nous parle du destin et des chemins détournés qu’il prend parfois, qui peuvent apparaître comme des caprices et qui ne sont que des clins d’œil, mais aussi de la maturité que l’on acquiert en traversant certaines épreuves. La préservation de l’environnement et l’amour de la nature ne sont pas oubliés dans cette comédie pour tous les âges.

Bande-annonce

25 mai 2022 – De Christian Monnier, avec Céline MaugePhilippe RebbotJules Sitruk




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