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MON CRIME

Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

Critique du film

Avec Mon crime, François Ozon retrouve le goût du jeu et des masques. Après plusieurs films plus dramatiquement chargés, le cinéaste signe ici une comédie policière rétro aux allures de théâtre de boulevard, librement inspirée d’une pièce de 1934. Tout y respire le plaisir du pastiche : les costumes des années 1930, les décors d’époque, les dialogues enlevés et les retournements savoureux. Ozon s’amuse visiblement à orchestrer cette mécanique du mensonge et du pouvoir, à la fois légère et venimeuse, où les apparences deviennent l’arme de celles qu’on voudrait faire taire.

Le film suit Madeleine, jeune actrice sans le sou, accusée du meurtre d’un producteur lubrique. Avec l’aide de sa colocataire et amie Pauline, avocate en quête de reconnaissance, elle transforme son procès en scène médiatique, revendiquant l’acte comme un geste de légitime défense féministe. À travers cette supercherie couronnée de succès, François Ozon tisse une satire du système judiciaire et du patriarcat dans le monde du spectacle, où les scandales se consomment comme des divertissements. Derrière le rire, perce une ironie tendre : la vérité importe moins que la mise en scène du récit.

Mon crime

Si Mon crime ne renouvelle pas fondamentalement la veine du cinéaste, il en offre une version enjouée et malicieuse, portée par un sens du rythme et de la répartie réjouissant. Ozon manie habilement la connivence avec le spectateur, feignant l’insouciance tout en égratignant avec élégance le cynisme des hommes de pouvoir et le spectacle de la vertu médiatisée. Mais ce sont surtout ses deux héroïnes qui donnent au film sa fraîcheur. Nadia Tereszkiewicz campe une Madeleine à la fois ingénue et stratège, tandis que Rebecca Marder impose une présence éblouissante, mélange de malice, de précision et d’émotion contenue – un rôle qui confirme sa grâce naturelle et sa puissance comique. Autour d’elles, une galerie de seconds rôles savoureux (Deneuve, Luchini et, plus surprenant, Dany Boon) complète ce bal des egos et des faux-semblants.

Léger sans être creux, Mon crime séduit par son ton ludique et son humour finement acide. Ozon, en moraliste amusé, signe un film gentiment corrosif, où la vengeance féminine passe par l’intelligence et le jeu. Une réussite imparfaite, certes, mais délicieusement vive et charmeuse.



Diffusé le 9 novembre sur France 2 et disponible sur FranceTV