DANGEROUS ANIMALS
Zephyr, une surfeuse intrépide au tempérament libre, est kidnappée par un tueur en série obsédé par les requins. Séquestrée sur son bateau et confrontée à la folie de son ravisseur, elle va devoir se battre pour survivre face à tous les prédateurs.
Critique du film
Le film de requin estival, c’est un peu le rendez-vous de l’été qu’on n’attend plus vraiment. Entre effets spéciaux souvent à la traîne, situations de moins en moins inventives et un renouvellement qui ne passe finalement plus que par le décor dans lequel prend place la chasse des squales, on peine à entrevoir le potentiel de ce sous-genre, partageant généralement une seule et même paternité ; un certain long-métrage de 1975 à la menace diaboliquement bien camouflée derrière les vagues. Seulement voilà, Dangerous Animals (sélectionné à la Quinzaine des cinéastes à Cannes en 2025) donnait un infime espoir sur ses intentions, résumées par son slogan promotionnel : “dans l’océan, il y a pire que les requins.”
Fantastique retournement de situation que voilà, Dangerous Animals entend composer avec la nature des requins et le comportement de l’homme au sens genré du terme. Sorte de Saw sur l’océan, le film de Sean Byrne alterne entre le slasher et… pas grand-chose d’autre. En voulant faire du requin un outil du véritable méchant (l’homme), Dangerous Animals se tire un harpon dans le pied, rendant le gros de sa dynamique parfaitement soporifique car affreusement répétitive. La majorité de l’intrigue consiste en un jeu de chasse exploitant assez faiblement son décor, un vieux paquebot rouillé dont les interstices ne servent jamais vraiment de cachettes.
Le film essaie péniblement de faire passer son tueur en série, incarné par Jai Courtney, comme un monstre assoiffé de la souffrance des autres, mais son personnage s’apparente finalement davantage à un prétexte pour dé-diaboliser nos (faux) ennemis, les sélachimorphes, tant son caractère paraît insipide et ses motivations plus que risibles. On ne retiendra finalement que ses merveilleuses tirades animalières, qui raviront les spectateurs avides d’informations dignes d’un documentaire océanographique d’Arte.

Il ne reste ainsi pas beaucoup de mordant à ce Dangerous Animals, faux film de requins dont la singularité cache davantage son manque de moyens et d’ambitions. Subsiste un petit plaisir jubilatoire à voir la protagoniste (Hassie Harrison) imiter l’héroïne de The Descent, en dépassant son simple statut de victime. La séquence finale, consistant en une énième poursuite entre l’antagoniste et sa prisonnière, est d’ailleurs le seul moment durant lequel les deux entités se conjuguent parfaitement. Zephyr se retrouve coincée entre une eau envahie par un grand requin blanc et son bourreau s’élançant à sa poursuite en zodiac. Après plus d’une heure de chaud-froid, la consolation paraît maigre, mais on sent que le réalisateur s’amuse enfin, en iconisant le légendaire requin ou en créant une tension un peu plus crédible.
Ce n’est pas Dangerous Animals qui rendra ses lettres de noblesse aux films de requins (si elles lui ont un jour été attribuées). Les eaux du film demeurent bien tièdes et l’on hésite peut-être à lancer une bouée de sauvetage aux quelques VFX un peu plus travaillées que d’ordinaire, les requins n’étant malgré tout pas la menace centrale. Moins estival mais bien meilleur, mieux vaut rappeler que le seul digne héritier de Jaws reste Orca de Michael Anderson, qui faisait le choix de l’anthropomorphisme à l’égard les créatures sous-marines plutôt que de déshumaniser à outrance une espèce humaine, qu’on sait déjà suffisamment antipathique envers son environnement et ses congénères.
Bande-annonce
23 juillet 2025 – De Sean Byrne






