BIRD BOX
La ficheLa critique du film
Sur le papier, Bird box a tout du film opportuniste. Après le gros coup de la Paramount avec Sans un bruit de John Krasinski, clairement la proposition horrifique la plus marquante de l’année, le timing semble étonnant mais l’antériorité du projet – adapté d’un roman de Josh Malerman – enterre toute suspicion hâtive. De plus, s’il faut jouer au jeu des ressemblances, c’est presque davantage à Phénomènes de Shyamalan que Bird box fait penser. Alors, ce qui intrigue ensuite particulièrement, pour peu que l’on soit attentif aux noms sur l’affiche (ou durant la bande-annonce), est la présence aux commandes de ce film de studio de la cinéaste danoise Susanne Bier, renommée pour son Brothers et son excellent After the wedding (remaké par les américains). Une curiosité singulière toutefois modérée par l’excursion hollywoodienne peu concluante de la réalisatrice avec Serena. C’est donc alléchés (par le postulat excitant) mais sur nos gardes que l’on découvre Bird box, tout fraîchement arrivé sur le catalogue Netflix après une promo notable.
La première séquence de Bird box montre Malorie (Sandra Bullock) en train de briefer sans ménagement les deux enfants dont elle a la charge : « ce sera dangereux et vous aurez l’impression que ce voyage est interminable, mais il ne faudra faire aucun bruit et ne jamais retirer le bandeau de vos yeux, quoiqu’il arrive ». Le trio quitte son refuge et embarque à tâtons (et à toute hâte) à bord d’une barque pour remonter une rivière durant deux jours jusqu’à un sanctuaire où la menace n’existerait visiblement plus. L’amorce d’un survival intense et anxiogène centré autour de ces trois protagonistes à la merci de créatures invisibles ? Absolument pas.
L’escroquerie Bird box
N’ayant vraisemblablement aucune confiance en son postulat, Bird Box devient rapidement une énorme tromperie sur le marchandise en s’offrant un flashback cinq ans auparavant et en s’enfermant paresseusement dans un va-et-vient systématique entre le passé (où un groupe de survivants, commodément très respectueux des quotas, se regroupe dans un confortable et spacieux pavillon de banlieue chic) et le présent sur le cours d’eau. Vous attendiez un film avec Sandra Bullock qui se déplace les yeux bandés avec deux enfants en détresse ? Bird box n’est majoritairement pas ce film, contrairement à ce que laissent penser l’affiche et les clips promotionnels.
Alors que la privation d’un sens était essentiel au film pour fonctionner, une bonne majorité du long-métrage se cloître en intérieur, là où la menace surnaturelle est quasiment inexistante, et s’articule autour d’une troupe de personnages sous-écrits envers lesquels il est difficile d’éprouver un début d’empathie. Pire, en multipliant les allers-retours maison-barque, presque toutes les trois minutes, le film ne tient pas en place et anesthésie tout effet immersif. Passant complètement à côté de son potentiel, Bird box finit par ressembler à ces innombrables navets sortis en DTV (qui peuplaient jadis les étagères des vidéo-clubs) dont le pitch est infiniment plus enthousiasmant que le produit fini jamais à la hauteur de sa séduisante promesse initiale.
Si, en parcourant la rubrique « nouveaux ajouts » sur l’interface Netflix, vous cherchiez à savoir si le visionnage de Bird box était judicieux, on serait tentés de vous renvoyer au conseil prodigué par Sandra Bullock dans le prologue accrocheur : « Ne regardez sous aucun prétexte. »