Anna photo 2 © Malavida

ANNA

Anna débarque à Paris. Dès sa descente du train, Serge, directeur d’une agence publicitaire, tombe fou amoureux. Pour la retrouver, il fait placarder l’unique photo d’elle qu’il possède dans toutes les rues de la capitale, sans réaliser qu’il la croise pourtant tous les jours…

Critique du film

Au départ téléfilm réalisé en 1967 par Pierre Koralnik, Anna va maintenant connaître sa première diffusion en salles de cinéma. Ce long-métrage que beaucoup de spectateurs ont découvert lors de sa diffusion originelle sur un téléviseur noir et blanc – le film avait connu également une édition vidéo il y a déjà pas mal d’années– va pouvoir désormais prendre toute son ampleur grâce à cette initiative et à une superbe restauration 4K supervisée par l’INA qui met parfaitement en valeur les magnifiques couleurs de cette histoire d’amour qui prend la forme d’une comédie musicale. 

Tourné à l’époque glorieuse des très grandes heures de l’ORTF, avec ses créations ambitieuses, Anna a été filmé en 35 MM avec toutes les qualités d’un film destiné aux salles obscure : la mise en scène, le montage, les prises de vue innovantes et audacieuses, tout est réuni en plus d’un casting formidable et d’une bande-son devenue culte. Cette dernière, qui comprend entre autres les mémorables Sous le soleil exactement ou Un poison violent, c’est ça l’amour, se montre aussi variée que réussie, grâce au talent de parolier et de compositeur de Serge Gainsbourg, associé à celui de Michel Colombier qui assure la direction musicale et apporte une touche plus psychédélique – l’année 1967 est aussi l’année de la collaboration de ce dernier avec Pierre Henry pour Messe pour le temps présent. 

A partir d’un scénario assez ténu, Anna développe une histoire d’amour touchante et à la coloration parfois douce-amère tout au long d’un film qui fait se télescoper culture française – on cite Bossuet et Stendhal, on nage dans le Romantisme et les acteurs principaux Anna Karina et Jean-Claude Brialy étaient aussi associés à la Nouvelle Vague de Godard et de Chabrol – et culture anglo-saxonne avec sa musique pop, son allusion à la guerre du Vietnam, son psychédélisme et des chorégraphies de Victor Upshaw. 

Anna Karina, dans le rôle principal, se montrait à la fois espiègle et touchante. Autour d’elle, Jean-Claude Brialy faisait montre d’une belle sensibilité en amoureux transi, tandis que Serge Gainsbourg apparaissait dans un rôle plus cynique – superbe scène dans un café ou les deux hommes devisent sur l’amour et leurs conceptions opposées – et Marianne Faithfull faisait une de ses premières apparitions dans une œuvre de fiction. On notera aussi un caméo d’Eddy Mitchell, des apparitions d’Henri Virlogeux et d’Hubert Deschamps pour compléter la distribution de ce film dont la photographie signée Willy Kurant constitue un atout essentiel de ce bijou, véritable régal pour les yeux et les oreilles. 

Filmé avec autant de recherche et rassemblant autant de qualités qu’un grand film de cinéma, ce que devient maintenant Anna, cette réalisation de Pierre Koralnik sort enfin au cinéma sous l’impulsion de Malavida Films. 


29 novembre 2023 – De Pierre Koralnik, avec Anna KarinaJean-Claude BrialySerge Gainsbourg




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