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CHÉRIES-CHÉRIS 2019 | Critiques des films en sélection

Du 16 novembre au 26 novembre, les cinémas MK2 Beaubourg, Bibliothèque et Quai de Seine accueillent le temps de 10 jours le festival LGBTQ+++ Chéries-Chéris qui fête cette année sa 25ème édition. L’occasion de mettre en lumière un cinéma trop souvent invisible, donnant pleine parole aux communautés LGBTQ+, à travers une sélection riche de longs et courts métrages et de documentaires, gays, lesbiens, bis ou transgenre, et surtout militants. Retour sur cinq découvertes de ce festival, évoquant tour à tour la transidentité, le coming-out ou le VIH, et tous unis par un espoir commun en l’humanité.

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Lola Vers La Mer – Laurent Micheli (Film d’Ouverture)

Rares sont les films traitant de la transidentité ne tombant pas dans la tragédie voyeuriste. Présenté en ouverture du festival, Lola Vers La Mer du réalisateur belge Laurent Micheli offre un road-movie familial toute en nuance. Lola, jeune fille trans en pleine transition doit renouer malgré elle avec son père pour jeter les cendres de sa mère à la mer. Si le film n’évite pas les écueils du cinéma indépendant, Laurent Micheli offre un regard lumineux -chose rare- sur la transidentité grâce à une écriture subtile, ne tombant jamais dans le misérabilisme. 

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Madame – Stéphane Riethauser (Compétition Documentaires)

Lorsque Franck Beauvais dans Ne Croyez Surtout Pas Que Je Hurle s’empare du cinéma pour raconter l’intime, Stéphane Riethauser effectue le cheminement inverse dans Madame. A travers des images d’archives de sa jeunesse, des photos et extraits de journaux personnels, le réalisateur confie face caméra le récit intime de sa vie et le dissèque sous le prisme politique. De l’enfance à l’âge adulte, le réalisateur questionne son rapport au corps, au désir et à la sexualité, confronté à la pression des modèles familiaux et de la société. L’injonction à la virilité, à “devenir un homme” hante l’adolescence du jeune homme, tiraillé entre ses désirs amoureux et le dégoût des “tapettes”. 

Madame est aussi un émouvant portrait de femme. Dialoguant avec sa grand-mère, Stéphane Riethauser offre le témoignage d’une femme en pleine émancipation. Sans mari, répudiée par sa famille après son divorce, le film capte la vie de Caroline, femme douce et joviale des années 20, offrant un regard nouveau sur cette époque. De ses aspirations de comédienne et de couturière, à son douloureux mariage, Madame interroge sur le patriarcat et l’émancipation des femmes dans un temps où le féminisme était encore à ses prémices. 

La force de Madame réside dans sa manière de conjuguer l’intime et le politique, renvoyant sans cesse à un vécu collectif, qu’il ne diabolise jamais mais qu’il cherche à comprendre. Et c’est sans doute un message d’utilité publique : Madame est porteur d’espoir, rappelant que les êtres ne sont pas déterminés, mais libres de changer et d’aimer. 

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5B – Paul Haggis et Dan Krauss (Compétition Documentaires)

Présenté en Séance Spéciale au dernier Festival de Cannes en mai dernier, le documentaire 5B des deux réalisateurs Paul Haggis et Dan Krauss retrace le début de l’épidémie de VIH à San Francisco. De la célébration festive des premières gay pride aux premiers symptômes, le film offre de nombreux témoignages filmés d’une époque incertaine, où les malades sont rejetés de la société. Les images des patients sont difficiles, parfois insoutenables par la douleur et la détresse qu’elles transmettent, mais d’une nécessité absolue pour affronter la difficile réalité qui se joue sous nos yeux. 

Si 5B demeure un documentaire assez classique dans sa forme, il aborde avec émotion le combat quotidien du personnel médical, ainsi que des patients sur lequel on appose des noms et des histoires. Le 5B, secteur regroupant les patients atteints de VIH, devient alors un lieu où l’on trompe la mort : le personnel médical s’engage à combler l’immense solitude des patients, abandonnés par leur famille pour être gay, en renouant le contact humain. Pas de gants ni masques; patients libres de circuler où ils veulent et brunchs organisés chaque dimanche par une performeuse : le 5B devient un lieu hors-norme qui (re)place l’humain au centre 

Alors que dehors, la peur se transforme en hystérie collective, 5B dresse le portrait des héro.ïne.s de l’ombre, porté par un dévouement à toute épreuve, qui ont participé à la changer les choses. Aux paroles des infirmi.ère.s succèdent celles bouleversantes des survivant.e.s : malgré les obstacles, tant qu’il y a de l’humanité, il y a de l’espoir. 

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Brève histoire de la planète verte – Santiago Loza (Compétition Longs-Métrages)

Sans aucun doute le film le plus audacieux du festival, Brève Histoire de La Planète Verte est une réadaptation curieuse et mélancolique d’E.T L’Extraterrestre. Si le concept a de quoi faire rire – une grand mère trouve un petit extraterrestre bleu qui devient son compagnon de tous les jours-, le réalisateur argentin Santiago Loza traite son sujet avec sérieux. Jouant de l’économie d’effets spéciaux, le film se concentre avant tout sur le trio d’amis en marge de la société : Tania, femme trans pétillante, Daniela célibataire et déprimée par le monde qui l’entoure et Pedro, garçon fragile se retrouvent dans un road-trip mutique, épris de compassion pour un être venu d’ailleurs. Néanmoins, le scénario minimaliste peine à faire jaillir l’émotion tant le récit manque cruellement de profondeur. Si l’on apprécie l’atmosphère douce-amère du métrage, baignant dans des couleurs chaudes et paradoxalement tristes, on regrette un scénario (volontairement) flou qui n’amène nulle part, et dont on ressort perplexe.

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Knives and Skin – Jennifer Reeder (Séance Spéciale)

Curieux film que Knives And Skin, qui digère ses influences (Lynch, Refn) pour les projeter dans un teen-movie imparfait, parfois confus mais qui baigne dans une atmosphère onirique envoûtante.

Lire aussi >>> la critique du film 

 




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